Réchauffement climatique : la difficile gestion des incendies monstres en Bolivie, en Russie et au Portugal
Alors que le feu ravage la côte ouest des États-Unis, comment le Russie, la Bolivie et le Portugal gèrent les incendies monstres qui touchent leurs pays à répétition ?
Cela fait près d'un mois que des incendies ravagent la côte ouest des États-Unis. Le début de l'année 2020 a aussi été marqué par les feux monstres en Australie. L'année précédente, ce sont les images de la forêt amazonienne et de la Sibérie en train de partir en fumée qui ont fait le tour du monde. Alors comment la Bolivie, la Russie et le Portugal, régulièrement touchés pas des incendies, gèrent ces évènements qui deviennent récurrents ?
En Bolivie
En Bolivie, des feux font rage depuis le mois de mars dernier et détruisent des forêts primaires, donc irrécupérables. Malgré les quelques 150 000 hectares partis en fumée depuis le début de l’année, les réactions ont été rares du côté des autorités, jusqu’au jeudi 17 septembre. "Face aux organismes internationaux, Evo Morales parlait de la protection de la Terre-Mère, mais en réalité ici, il se fichait complètement de l’environnement", a déclaré la présidente intérimaire Jeanine Añez. "Avec ces antécédents si mesquins, nous ne le disons aujourd'hui : arrêter ces incendies est notre priorité." Plusieurs décrets dits "incendiaires" ont donc été abrogés jeudi. Ils autorisaient en saison sèche l’agriculture sur brûlis, notamment. Ils avaient été promulgués par l’ancien président Evo Morales.
Sauf que cette décision semble être une stratégie politique. Ces décrets sont montrés du doigt depuis longtemps. La décision de les abroger arrive très tard, alors que le mal est fait. Rien ne pourra empêcher les feux de se répandre. Alors pourquoi le gouvernement s’intéresse-il seulement maintenant aux incendies ? L’approche des élections, qui auront lieu dans un mois, n’est certainement pas étrangère à la décision de Jeanine Añez, présidente intérimaire mais aussi et surtout candidate.
Au Portugal
Des flammes impressionnantes ont ravagé le centre du Portugal à la fin du mois de juillet. Environ 350 incendies, plus ou moins importants, étaient encore recensés mercredi 16 septembre, avec 2 500 pompiers mobilisés. Un feu extrêmement violent a dévasté une zone de la pinède intérieure du pays, l’incendie de Proença-a-Nova, à environ 2h30 au nord-est de Lisbonne. Les conditions atmosphériques sévères, la chaleur, le vent et la sécheresse expliquent la voracité de ce feu. Des villages ont dû être évacués, par précaution. Cette stratégie préventive est appliquée depuis 2017. Les grands feux de cette année-là avaient fait 114 victimes, certaines prises au piège dans leurs voitures alors qu’elles tentaient de fuir les flammes. Trois ans après, le traumatisme est toujours vivace.
Le Portugal a-t-il tiré des enseignements de cette catastrophe de 2017 ? Les opérations de commandement ont été réorganisées et la préparation dans la protection des personnes a été améliorée. Une loi oblige désormais les propriétaires terriens à entretenir les forêts. Mais à l’intérieur du pays, les habitants ont le sentiment d’être abandonnés. "Il y a très peu de choses qui sont faites. Ici ou là, du débroussaillage des forets. Mais il y a tellement à faire", déplore Dina Duarte, présidente de l’association des victimes de l’incendie de juin 2017. "Ne serait ce que dans les communications. On comprend très bien que vivre ici dans les villages intérieurs, c’est un risque car en cas de danger, nous ne pouvons pas établir le contact." Le Portugal intérieur est toujours un désert vert, couvert de forêts peu diversifiées ou abandonnées, prêtes à s’enflammer.
En Russie
Toutes les données officielles sont formelles, la Russie se réchauffe 2,5 fois plus vite que le reste de la planète. Comme en 2019, le réchauffement climatique sur place a donné lieu à de gigantesques incendies cet été. Officiellement, en signant l’accord de Paris en 2015, la Russie s’est engagée à lutter contre l’émission des gaz à effet de serre sur son territoire, principale cause du réchauffement climatique ici. La Russie se situe au 4e rang mondial dans le domaine. Mais l’application de cet engagement parait biaisée, puisque le pays doit réduire ses émissions de 25% d’ici à 2030, mais en prenant comme point de référence l’année 1990. Ce qui signifie, d’après les projections, que les températures en Russie augmenteraient non pas de 2°C comme le stipule l’accord de Paris, mais du 4°C.
Les températures plus élevées assèchent encore davantage les végétations, et les rendent plus vulnérables aux incendies, qui eux-mêmes amplifient le réchauffement climatique. En 2019, 15 millions d’hectares de forêt ont été détruits, et huit millions d’hectares cette année. Que ce soit en Yakoutie ou dans la région de Magadan, à l’extrême Est du pays, ces incendies sont très difficiles à combattre.
Le pouvoir russe préfère infliger des amendes à ceux qui ne respectent les normes de sécurité visant à protéger l’environnement contre les risques liés au réchauffement climatiques. Mais la plupart du temps, le Kremlin affiche surtout sa volonté de profiter des opportunités causées par la hausse des températures, comme par exemple, l’ouverture d’une nouvelle route maritime au nord, pour ses exportations d’hydrocarbures, ou l’installation de bases militaires dans l’Arctique.
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