Scolarité : les examens de fin d'année sous la menace du Covid-19 au Royaume-Uni, en Allemagne et en Israël
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, la question du maintien ou non des examens scolaires de fin d'année au Royaume-Uni, en Allemagne et en Israël.
En France, alors que les épreuves de spécialité du bac, prévues au mois de mars, ont été annulées en raison de l'épidémie de Covid-19, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer souhaite actuellement maintenir les épreuves finales du grand oral et de la philosophie. Cette question des examens de fin d'année se pose aussi ailleurs évidemment. Direction le Royaume-Uni, l'Allemagne et Israël.
Pas d'examens de fin d'année au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, l'éducation est du ressort des gouvernements autonomes mais tous sont arrivés à la même conclusion : en Angleterre, au Pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord, il n'y aura pas d'examens de fin d'année cet été. Les GCSEs et les A levels, équivalents du brevet et du bac, seront remplacés par des estimations des enseignants, basées sur le contrôle continu. En Angleterre, le ministère de l'Éducation espère ainsi éviter le tollé de l'an dernier. En 2020, les examens avaient déjà dû être annulés et les notes avaient été attribuées par un algorithme. Une décision vivement critiquée, puis abandonnée, car des milliers d'élèves avaient obtenu des résultats inférieurs aux prédictions de leurs professeurs, leur fermant ainsi l'entrée de certaines universités.
C'est la 2e année que les examens sont annulés et les écoles sont restées fermées de longs mois. Les professionnels de l'éducation s'inquiètent, depuis de nombreux mois, des conséquences de ces fermetures sur la santé mentale des enfants et sur leur apprentissage. Beaucoup affirment que les inégalités sociales ont été exacerbées, notamment pour tous ceux qui n'ont pas eu accès à des repas de cantine gratuits ou dont les parents n'ont pas pu prendre le relais des professeurs. Et tout cela a un impact économique énorme. Selon une étude, chaque élève ayant raté six mois d'école risque de gagner 47 000 euros de moins au cours de sa future vie professionnelle. À l'échelle des 8,7 millions d'écoliers britanniques, cela représente 410 milliards d'euros.
En Allemagne, le débat est relancé
Depuis Bonn, en Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l'ouest du pays, c’est le plus grand syndicat de professeurs qui vient d’enflammer le débat. Sa présidente a donné une interview lundi 5 avril dans la presse, estimant qu’il fallait réfléchir à l’annulation des épreuves en cas de troisième vague coronavirus trop forte. La solution proposée : prendre les notes du contrôle continu. Une idée qui a aussitôt provoquée une levée de boucliers de toutes parts. Déjà parce que l'équivalent du bac, l’Abitur, est ici régional, État fédéral oblige. Chaque Land à son propre système, ses propres épreuves et ses propres dates. Ainsi certains jeunes ont déjà passé leur Abitur, en janvier. Quid de l’équité donc, demandent les élèves.
C’est déjà un casse-tête lors de la sélection à l’université. Elle se fait sur la base des notes du bac, mais les épreuves et les attentes lors des notations sont différentes dans chaque Land. Mélanger maintenant, en plus, des bacs obtenus en contrôle continu et d’autres avec des épreuves finales rendrait les choses encore plus compliquées !
Annuler les épreuves, cela reviendrait à mettre un tampon "2021 année du bac donnée sans épreuves" sur la tête de beaucoup de bacheliers alors même qu’on a réussi à organiser ces épreuves en 2020, estime pour sa part la deuxième plus grande fédération de professeurs. Cela ne ferait pas sérieux dans un dossier ou sur un CV et pénaliserait aussi au passage les jeunes qui misent tout sur les épreuves de fin d’année. Face au débat, la présidente de la conférence des 16 ministres de l’Éducation régionaux a demandé à ce qu’on ne stresse pas davantage les élèves. "Tout le monde travaille d’arrache-pied à des solutions pour que les épreuves aient lieu", assure-t-elle.
En Israël et dans les territoires palestiniens les examens auront bien lieu
Personne n’y échappera. Côté israélien, le gouvernement a décidé d’étendre assez vite la vaccination aux adolescents entre 16 et 18 ans. Celle-ci s'est déroulée dès janvier, à peine un mois après le début de la campagne de vaccination. Donc tous sont vaccinés. C’était surtout une manière de faciliter les épreuves de fin d’année et le processus de recrutement militaire, qui est obligatoire en Israël.
Côté palestinien en revanche, si les examens ont lieu, les raisons sont bien différentes. Aucun adolescent de cette tranche d’âge n’est vacciné mais l’année de terminale, ceux qui passent le tawjihi, l’équivalent du bac, a été largement épargné quand il s’agissait de fermer les écoles. Il fallait s’organiser, mais ne pas stopper l’enseignement, alors les élèves ont eu cours par tout petits groupes à chaque confinement, et ils ont commencé l’année scolaire plus tôt que les autres.
Se pose aussi la question de la continuité de l'enseignement et là c’est un peu plus compliqué. En Israël, certaines écoles sont ouvertes, mais la plupart des enseignements se font sur Zoom ou seulement un jour par semaine en présentiel. Car même si les taux d’infections sont bas, les enfants et adolescents en dessous de 16 ans ne sont pas vaccinés et le virus pourrait continuer à circuler. Seuls les élèves de première et terminale, vaccinés à 90%, retournent à l’école normalement. Côté palestinien, les écoles sont fermées pour la plupart - sauf la classe de terminale - car les infections au coronavirus continuent d’augmenter. Mais le gouvernement espère les rouvrir d’ici le 11 avril.
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