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Tourisme : le Maroc, l'Arabie saoudite et le Japon se préparent à un afflux de touristes après deux étés marqués par le Covid-19

Dans "Le Club des correspondants", franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Maroc, l'Arabie saoudite et le Japon pour voir comment la saison estivale se profile. 

Article rédigé par franceinfo - Seddik Khalfi, Laure Stephan, Karyn Nishimura
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des passagers arrivent à l'aéroport de Tokyo, le 1er juin 2022. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

La saison touristique estivale est en pleine préparation au mois de juin. Après deux étés marqués par la pandémie de Covid-19, l'été 2022 devrait marquer le retour des touristes dans de nombreux pays, qui se préparent donc à un afflux plus important que les années précédentes.

Gibraltar s'attend à un afflux record

À Gibraltar, la grande transhumance estivale se prépare et les autorités s'attendent à un record de traversées du détroit en direction du bled. Après deux étés catastrophiques pour le secteur touristique marocain, c’est le branle-bas de combat depuis plusieurs mois. Au total, près de 2 millions de voyageurs sont attendus aux postes frontières marocains par avions, ferries, bus ou voitures.

Les autorités espagnoles ont lancé même l’opération "Paso del estrecho" ("passage du détroit", en français). Les effectifs policiers et douaniers ont été augmentés et les congés annulés. Côté marocain, l’opération "Marhaba" ("bienvenue", en français) a elle aussi été lancée. Il s’agit pour la fondation Mohammed V de porter assistance aux voyageurs en route pour des vacances au bled. 

Même si le transport aérien s'est démocratisé ces dernières années, des familles traversent toujours l'Europe dans des voitures surchargées, bâche bleue sur le toit. Qu’ils passent par les ports de Sète, Marseille et Gène au nord de la Méditerranée, ou plus au Sud par les ports d'Algésiras ou d’Almeria, ils sont encore nombreux à préférer voyager en voiture et en ferries. Ainsi, le port de Tanger se prépare à recevoir 53 rotations de ferries par jour et 500 000 passagers d'ici fin août. Sur les routes françaises et espagnoles, les gendarmes veillent : les voitures en surcharge seront pesées et immobilisées.

En Arabie saoudite, l'objectif d'accueillir 12 millions de touristes

L'Arabie saoudite s'est fixée comme objectif - ambitieux - pour 2022 un total de 12 millions de touristes, soit 3 millions de plus qu'en 2021. C'est le ministère du Tourisme qui a annoncé ce chiffre début juin. Riyad mise notamment sur l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, qui ont beaucoup touché l'activité touristique du pays. 

Les restrictions ont notamment pesé sur le tourisme religieux, qui existe de longue date, avec le pèlerinage à la Mecque. Riyad table donc sur une hausse de ces visites le mois prochain. Cette année doit aussi permettre de lancer un autre tourisme, longtemps tabou car accusé de souiller les lieux saints de l’islam mais désormais voulu par le prince hériter Mohammed Ben Salmane, sur des sites antiques ou dans les paysages de désert et de mer. L’Arabie saoudite s’y était préparée en 2019, en lançant des visas touristiques mais la pandémie a tout mis à l’arrêt.

Le royaume a donc cherché à valoriser dans l’intervalle les voyages internes, pour soutenir le secteur touristique naissant. Le virage vers un tourisme d’étrangers va donc être testé dans les prochains mois. Il aiguise les appétits : la France coopère sur la mise en valeur de nécropoles nabatéennes. Des entreprises tricolores ont aussi décroché des contrats dans les infrastructures.

Ce développement du tourisme s’accompagne depuis quelques années de réformes sociétales. Par exemple, des concerts où la jeunesse peut se mélanger sont enfin autorisés, des grandes compétitions sportives sont organisées... C’est une façon de toucher les jeunes mais aussi de tenter de changer l’image du royaume, marquée par la répression, la peine de mort ou encore la guerre sanglante au Yémen. Le tourisme doit servir d’outil de rayonnement international, avec un objectif de 100 millions de visiteurs d’ici à 2030, et de diversification de son économie en diminuant sa dépendance au pétrole.

Le Japon rouvre enfin ses frontières 

Au Japon, pour la première fois depuis deux ans, des touristes étrangers peuvent débarquer depuis vendredi 10 juin, mais uniquement en groupe avec une agence de voyage. Cette réouverture des frontières angoisse un peu les Japonais : "En fin de compte, le Covid-19 s’est répandu à cause de la venue d’étrangers au Japon, donc je suis un peu inquiète mais il est vrai que désormais c’est presque comme un rhume", avoue cette jeune mère de famille de Tokyo. Le gouvernement lui-même a entretenu cette peur des étrangers en leur fermant le pays depuis deux ans, tout en laissant les Japonais libres d’aller et venir. S'il rouvre les frontières, il veut cependant contrôler le comportement d’individus réputés très prompts à enlever leur masque et à ignorer les règlements.

Même si les touristes individuels devront encore patienter, le Japon a besoin des touristes. Il pouvait à une époque s’en passer grâce à des Japonais gros consommateurs mais c’est fini. Le pays aime donc surtout les touristes pour leur argent et le gouvernement ne s’en cache pas. "En 2019, avant la pandémie, nous comptions plus de 30 millions de visiteurs étrangers pour des recettes de 44 milliards d’euros. Du point de vue économique et de la vitalité des régions, c’est un apport extrêmement important", admet sans détour Hirokazu Matsuno, porte-parole de l'exécutif. "À ce stade, nous ne pouvons pas dire combien de personnes viendront mais il paraît que les réservations depuis l’étranger vont bon train et nous espérons que la reprise des voyages touristiques conduira à doper l’économie des régions." Mais pour cela, il va falloir réadapter la société au brassage de cultures.

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