Vaccin contre le Covid-19 : le Japon, la Corée du Sud et l'Afrique du Sud tentent de rattraper leur retard
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Tokyo, Séoul et Johannesbourg où les autorités veulent donner un coup d'accélérateur à une campagne de vaccination tardive.
La France a atteint ce week-end la barre des 20 millions de personnes vaccinées contre le Covid-19. Notre pays n'est pas le champion de la vaccination et pourtant certains pays développés sont bien plus en retard. Le club des correspondants nous emmène au Japon, en Corée du Sud et en Afrique du Sud.
Un gros coup d'accélérateur au Japon
Le Japon, qui compte 127 millions d’habitants, a démarré sa campagne de vaccination le 17 février mais elle avance à pas comptés. En trois mois, seulement 1,7 million de personnes ont reçu deux injections, des soignants à 95%. La vaccination des personnes âgées, elle, a débuté le 12 avril, mais elle piétine, et seulement un million de ces seniors ont reçu une première dose. Beaucoup s’inquiètent de ne pas avoir eu de convocation, comme cette grand-mère d’Osaka : "On n’a aucune idée de la date à laquelle on sera vaccinées. Pour nous, personnes âgées, on nous a dit que les coupons de vaccination devaient être expédiés mi-mai. On a vraiment l’impression que le gouvernement est à la traîne sur tout."
Assez peu affecté l’an passé par le Covid-19, le Japon n’a pas fait des vaccins sa priorité. Il n’en produit pas et a été très lent dans l’homologation. La législation japonaise exige des essais sur des Japonais, ce qui a allongé les délais. À ce jour, le vaccin le Pfizer-BioNTech est approuvé. Moderna et AstraZeneca devraient l’être cette semaine si tout va bien. Ensuite, il y a toute une logistique confiée aux autorités locales qui ont du mal à s’organiser. Les standards téléphoniques et serveurs informatiques pour les réservations sont souvent sous-dimensionnés.
Une lenteur un peu inquiétante pour un pays qui espère accueillir les Jeux olympiques dans deux mois. Selon un sondage, plus de 80% des Japonais sont opposés à la tenue de ces Jeux dans ce contexte sanitaire. C’est la raison pour laquelle le gouvernement veut donner un très gros coup d’accélérateur, au point qu’on pourra parler de miracle s’il réussit. Il promet de vacciner les 36 millions de personnes de plus de 65 ans du pays, 72 millions de piqûres, avant fin juillet, presque à temps pour les JO. L’armée va prêter main-forte, mais beaucoup doutent que cela soit possible.
La Corée du Sud peine à s'approvisionner
Avec un peu plus de 7% de la population ayant reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, la Corée du Sud, dixième économie mondiale, est devant son voisin japonais, mais loin derrière les autres pays développés.
La Corée du Sud était le dernier pays de l’OCDE à lancer sa campagne de vaccination fin février. Le succès dans sa bataille face à la propagation du virus a poussé les autorités à ne pas se jeter sur les doses, et les commandes ont été très tardives. En s’appuyant à la fois sur le dispositif de l’ONU, Covax, sur des contrats avec des laboratoires et des accords de production sur son territoire, Séoul semble avoir mis en place un dispositif pérenne. Le pays a désormais de quoi vacciner près de deux fois sa population. Mais les retards de livraison sont venus s’ajouter aux commandes tardives, rendant assez hypothétique une levée prochaine des restrictions sanitaires.
Le premier objectif est d’atteindre 13 millions de personnes vaccinées d’ici cinq semaines et que 70% des Sud-Coréens aient reçu une première dose en septembre, un calendrier ambitieux. Il faudrait réaliser 257 000 injections quotidiennes pour y arriver, mais faute de vaccins, la moyenne sur la dernière semaine est aux alentours de 4 500 nouvelles injections par jour.
Si les capacités logistiques du pays ne sont pas en cause, c’est bien l’approvisionnement qui pose problème. Il faut s’imaginer que la Corée du Sud a même dû suspendre entièrement sa campagne de vaccination pour les premières doses de Pfizer durant trois semaines, et partiellement pour AstraZeneca, les deux seuls vaccins disponibles dans le pays à l’heure actuelle. Mais les injections de premières doses devraient reprendre d’ici le week-end prochain.
L'Afrique du Sud dénonce "un apartheid vaccinal"
L’Afrique du Sud, de son côté, lance à partir de lundi 17 mai la deuxième phase de sa campagne de vaccination. Après la priorité donnée aux personnels de santé, des doses seront désormais administrées aux plus de 60 ans. Avec moins d’1% de sa population vaccinée, le pays est loin derrière d’autres nations du continent comme le Maroc, ou même le Ghana. L’Afrique du Sud est pourtant le pays le plus touché du continent, et il est aussi parmi les plus développés. Mais les retards s’accumulent, alors qu’une troisième vague se profile.
Un peu moins de 480 000 soignants ont été vaccinés jusqu’à présent, alors qu’ils sont plus d’un million dans le pays. On est donc très loin du rythme souhaité au début de la campagne. Les autorités sud-africaines promettaient 40 millions de personnes vaccinées d’ici la fin de l’année, afin d’atteindre l’immunité collective. Le ministre de la santé, Zweli Mkhize, espère désormais accélérer la cadence, et vacciner cinq millions de personnes d’ici fin juin. Mais l’utilisation du vaccin Pfizer-BioNTech pourrait demander des ajustements, explique Zweli Mkhize : "Vous constaterez que les chiffres vont évoluer très lentement durant cette semaine, mais ils devraient ensuite augmenter d’ici la fin du mois. C’est parce que nous commençons à utiliser ce vaccin que nous n’avions jamais utilisé auparavant."
Si le pays, qui avait pourtant rapidement mis en place des mesures de confinement et une politique de dépistage, se retrouve ainsi débordé par la vaccination, c'est aussi parce qu'il a mis du temps à obtenir des doses. Le président Cyril Ramaphosa accuse les pays riches de les avoir accaparées, et parle d’un "apartheid vaccinal". Mais son gouvernement a aussi été critiqué pour n’avoir pas négocié assez tôt avec les laboratoires pharmaceutiques. Puis les autorités ont revendu les doses d’AstraZeneca, considérant ce vaccin comme peu efficace face au variant découvert dans le pays. Et la vaccination avec le Jonhson&Johnson a dû être momentanément mise en pause, suite à des cas de thrombose détectés aux États-Unis. Il faut aussi prendre en compte la méfiance de certains Sud-Africains vis à vis des vaccins. Enfin, les coupures d’électricité, prévues pour les prochains jours, pourraient mettre en péril le stockage des doses.
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