Covid-19: "le manque de vaccin accroît le risque d'une 2ème vague en Afrique" affirme l'OMS qui place ses espoirs dans la levée des brevets
Le continent africain ne représente que 1 à 2% des doses de vaccin administrées dans le monde. A court terme, la levée des brevets ne suffira pas.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en garde contre le risque d'une nouvelle vague de coronavirus sur le continent à cause de retards dans la vaccination. "Du fait du report de livraison des doses de vaccins contre le Covid-19 fabriquées par le Serum institute of India à l'attention de l'Afrique, ainsi que de la lenteur du déploiement des vaccins et de l'apparition de nouveaux variants, le risque d'une nouvelle vague d'infections resté élevé en Afrique", a alerté dans un communiqué le bureau régional de l'OMS, basé à Brazzaville. Alors comment accélérer la production et la distribution de vaccins dans le Monde.
"La tragédie en Inde ne doit pas se produire ici en Afrique, et nous devons tous rester en état d'alerte maximale"
Matshidiso Moeti, Directrice régionale pour l'Afrique de l'OMSAFP
Levée des brevets : espoir et doutes
La prise de position Biden en faveur d'une levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, suscite l’espoir en Afrique. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est félicité de cette déclaration américaine, de même le Directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus y voit une "décision historique". Pour l'Organisation mondiale de la santé, une exemption au droit de propriété intellectuelle est l’occasion pour l’Afrique de booster sa capacité de fabrication.
Si elle est acceptée par l'ensemble des pays de l'organisation mondiale du commerce (OMC), cette levée des brevets permettra à n’importe quel pays d’avoir accès à la "recette" pour fabriquer les vaccins anti-Covid. Mais elle ne va pas résoudre les problèmes de production à court terme, car il faudra procéder à des transfert de technologies, former le personnel, aider les pays africains à se doter de chaînes d’approvisionnement sécurisées. Peu de pays africains ont à ce jour les usines, le savoir faire, le personnel et les 400 ingrédients nécessaires à la fabrication d'un vaccin et à son contrôle qualité.
3 ou 4 pays en capacité
La réunion d'un telle capacité risque de prendre plusieurs années et d'arriver trop tard. Il faut donc miser sur les trois ou quatre pays en mesure de produire rapidement des vaccins : le Maroc, l’Algérie ou l'Afrique du Sud. Ce seront sans doute des vaccins classiques, et non à ARN messager, qui demande des techniques complexes et une chaine de froid très lourde. Ces pays doivent augmenter leur capacité de production et investir dans les unités de stockage pour conserver les vaccins en toute sécurité.
"Même si la levée des brevets finit par passer, augmenter la production demandera encore du temps, et des investissements."
Agence de santé de l'Union africaineAFP
Booster le dispositif Covax
En attendant de pouvoir augmenter la production, l'OMS a lancé un appel aux dons des doses de vaccins, afin de réduire le décalage entre les pays pauvres et riches, auquel n'ont répondu, à ce jour, ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne.
Aujourd'hui malgré l’aide technique proposée par l’OMS, seules "la moitié des 37 millions de doses de vaccin contre le Covid-19 reçues en Afrique ont été administrées jusqu'à présent", affirme l'OMS, "Les premières livraisons à 41 pays africains par le canal du Covax (visant à assurer aux pays pauvres l'accès aux vaccin), ont eu lieu depuis début mars, mais 9 pays ont administré moins d'un quart des doses reçues et 15 pays ont administré moins de la moitié de leurs doses", déplore l'organisation."Si nous appelons à l'équité en matière de vaccins, l'Afrique doit aussi se retrousser les manches et tirer le meilleur parti de ce que nous avons. Nous devons utiliser toutes les doses dont nous disposons pour vacciner des gens", a-t-elle insisté. Seuls quatre pays se sont démarqués en adoptant des plans efficaces et une bonne logistique : le Ghana, l'Angola, Maurice et le Rwanda qui ont commencé à vacciner leur public prioritaire.
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