Covid-19 : les secrets de campagnes de vaccination réussies dans quatre pays d’Afrique
Le Ghana, l'Angola, Maurice et le Rwanda ont réalisé d'importants progrès, selon l'OMS.
Il est trop tôt pour faire un bilan de la plus grande campagne de vaccination de l’histoire de l’Afrique subsaharienne. Mais le déploiement de vaccins permet déjà de comprendre pourquoi des pays comme l’Angola, le Rwanda, le Ghana et Maurice ont mieux réussi que d’autres. Dans un document publié fin avril 2021, l’OMS met en avant quatre raisons simples.
1Planification et préparation
Théoriquement, près de 40 pays africains ont élaboré des plans nationaux de vaccination avant l’arrivée des vaccins début mars 2021. Malgré l’aide proposée par l’OMS, seuls quatre pays se sont démarqués en adoptant des plans efficaces et une bonne logistique qui leur ont permis de vacciner rapidement leurs groupes prioritaires.
En misant sur le "préenregistrement", le Ghana, premier à avoir reçu des vaccins dans le cadre du programme Covax a pu vacciner en vingt jours plus de 470 000 personnes dans les zones les plus touchées par le virus. Même anticipation en Angola qui avait envoyé des mails, des SMS et des QR codes aux personnes prioritaires avant la vaccination. Le pays a également investi dans les unités de stockage pour conserver les vaccins dans les conditions requises. Mieux encore, le Rwanda et Maurice ont organisé à l’avance des exercices de simulation afin de se préparer à un déploiement vaccinal de grande envergure.
2Système de santé solide
Pour réussir une campagne de vaccination, l’infrastructure est un élément essentiel. Les pays qui ont fait leurs preuves lors de cette campagne inédite ont pu s’appuyer à la fois sur un système de santé solide et sur leurs précédentes expériences.
En raison du virus Ebola, le Rwanda était déjà bien rôdé à l’exercice (stockage des vaccins, maintien de la chaîne du froid, transfert, équipes) et a pu ainsi démarrer sa campagne de vaccination à grande échelle dès l’arrivée des premières doses de trois vaccins différents. Pfizer et Moderna ont été distribués dans les hôpitaux et le vaccin AstraZeneca a été utilisé dans les centres de santé. L’Angola a, pour sa part, profité des systèmes mis en place en 2017 pour faire face à la flambée mortelle de la fièvre jaune. Le Ghana s’est à quant à lui basé sur les moyens utilisés de la campagne de vaccination massive pour l’éradication de la poliomyélite.
3 Communication précoce
Si tous les pays du monde ont tenté d’expliquer l’importance de la vaccination lors de cette pandémie, certains pays africains, plus que d’autres, ont misé sur des messages clairs diffusés bien avant l’arrivée des vaccins pour préparer les communautés.
Au Ghana, tous les medias (radio, tv, presse écrite) ainsi que les réseaux sociaux ont été mis à contribution pour expliquer l’importance de se protéger face au virus. Les interventions évoluaient sans cesse en fonction des préoccupations du public et s’appuyaient sur des faits et des chiffres bien précis. "Nous avons décidé de travailler sur la base de faits en toute transparence, ce qui nous a permis de renforcer la confiance", souligne Fred Osei Sarpong, chargé des vaccinations au bureau de l’OMS au Ghana. Et dans le cadre de cette communication tous azimuts, le chef de l’Etat, Nana Akufo-Addo, les dirigeants politiques, des chefs religieux de différentes confessions se sont prêtés au jeu de la vaccination avec parfois des retransmissions en direct à la télévision.
4Le rôle des partenaires
Selon les premières conclusions de l’OMS, les partenariats internationaux sont "cruciaux" pour assurer le succès d’une telle campagne de vaccination. La présence de l’UNICEF ou d’autres organisations, ont permis, par exemple, une meilleure coordination avec les ressources publiques déjà trop sollicitées. Collectes de données sur le terrain, transmission d’informations, logistique, communication… l’Angola, le Ghana, Maurice et le Rwanda ont tous souligné l’importance d’un partenariat avec les organisations internationales ou des entreprises pour une meilleure gestion de cette opération.
Si ces premiers enseignements semblent évidents, ils n’en restent pas moins intéressants d’autant plus que plusieurs pays ont connu d’importants ratés en raison, entre autres, d’un manque de préparation. A titre d’exemple, le Soudan du Sud et le Malawi ont dû détruire des dizaines de milliers de doses de vaccins faute de candidats.
Malgré des débuts prometteurs, les pays d’Afrique subsaharienne manquent cruellement de vaccins. La campagne de vaccination n’a pas encore débuté dans 7 pays (Tanzanie, Madagascar, Burkina Faso, Tchad, Burundi, Centrafrique, Erythrée). En avril, moins de 2% des 780 millions de doses de vaccins distribuées dans le monde avaient été administrés sur le continent, selon l’OMS.
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