franceinfo conso. Des préservatifs dont la résistance peut laisser à désirer
À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, le magazine "60 Millions de consommateurs" a testé 18 modèles de préservatifs. Certains modèles, quatre dans ce test, présentent des lacunes. Un dossier de Benjamin Douriez.
À trois jours de la journée mondiale de lutte contre le sida, le magazine 60 Millions de consommateurs passe au crible ce qui reste le meilleur moyen de lutte contre la propagation des maladies sexuellement transmissibles : le préservatif. "La résistance peut laisser à désirer", c'est le titre de cette enquête signée Benjamin Douriez, rédacteur en chef du magazine.
franceinfo : Benjamin Douriez, on veut savoir comment vous procédez à ces essais, comment vous testez la résistance du produit ?
Benjamin Douriez : Ce sont des tests qui se mènent en laboratoire, de façon très contrôlée. Avec deux types de tests principaux. D’abord un essai de traction : on étire le préservatif, le plus possible, jusqu’à son point de rupture. Et ensuite, un test d’éclatement : là, on gonfle le préservatif, progressivement, pour mesurer à quel moment, à quelle pression, il va éclater. Sachant qu’il y a des normes qui encadrent cette pression à l’éclatement, qui définit, en quelque sorte, la résistance du préservatif.
18 modèles de préservatifs testés. Quel est le bilan global ? Les préservatifs sont fiables ?
Pas totalement, puisque 4 produits, donc 4 sur les 18 modèles, présentent des lacunes lors de nos tests. Ils sont donc problématiques, c’est-à-dire qu’on a relevé des problèmes sur certains échantillons de ces modèles.
Quand il y en a, quelles sont les faiblesses que vous détectez, quelles sont les marques concernées ?
Ce sont essentiellement des problèmes de résistance insuffisante. Sur un des produits, on a, en plus, des problèmes de porosité sur quelques-uns des exemplaires testés. Les marques concernées sont les préservatifs Pharmactiv, Sortez couverts (c’est le nom d’une marque), Soft Invisible et enfin un des modèles de la marque Manix, qui est le modèle Contact. Il faut savoir qu’on ne peut pas forcément se fier à une marque, puisque par exemple la marque Manix, épinglée pour un de ses modèles, a une autre référence qui a bien réussi nos tests.
Vous avez lancé cette étude car il y a trois ans, 82% des produits vendus étaient jugés non-conformes par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, souvent des problèmes d'étiquetage, mais pas seulement. En trois ans, les choses se sont-elles donc améliorées ?
Difficile de comparer nos résultats à ceux de la Répression des fraudes, car on ne procède pas forcément de la même manière. On peut dire que les choses ne sont pas catastrophiques dans notre essai, mais elles restent malgré tout préoccupantes avec plusieurs modèles pas assez résistants.
Vous tirez un enseignement qui vous surprend particulièrement : la certification NF, Norme Française, délivrée par un organisme indépendant, n’est pas forcément un gage de qualité ?
D’abord, il faut préciser ce qu’est la marque NF. C’est une marque qui n’est pas obligatoire. Elle est plus exigeante que la réglementation : les fabricants se soumettent de manière volontaire aux tests supplémentaires, des tests de qualité. Mais les préservatifs marqués NF dans notre sélection ne sortent pas tous en tête. Hasard d’échantillonnage ou impact d’un mauvais stockage ? Quoi qu’il en soit, il serait bon que les procédés de vérification qui assurent la qualité de ces dispositifs soient renforcés. Malgré tout, il nous semble toujours préférable de choisir des modèles porteurs de la marque NF
Que dire des modèles sans latex pour les allergiques ou les intolérants, vous en avez testé trois ?
Les trois que l’on a testés se sont plutôt bien comportés aux tests de résistance. Donc ça, c’est plutôt positif. Mais à l’occasion de notre étude, on a pu souligner à quel point ces modèles peuvent être onéreux. On les trouve difficilement à moins de 1 euro le préservatif, quand on les achète par boîte de 10. C’est environ deux fois plus cher que le prix moyen d’un préservatif en latex.
Quand on dit préservatif, aujourd'hui, on pense encore au modèle masculin. Mais il existe des préservatifs féminins. Cela fait plus de 20 ans qu'ils existent, mais ils restent méconnus ?
Méconnus, peu utilisés, en effet. Il faut aussi dire qu’ils sont plus difficiles à trouver – généralement, il faut le commander, par exemple sur Internet. C’est un préservatif interne que l’on met dans le vagin. Pas forcément facile à utiliser. Un fabricant que nous avons interrogé reconnaît qu’il faut trois ou quatre utilisations pour parvenir à le mettre en place facilement. Mais il a un avantage, c’est qu’il peut être mis en place plusieurs heures à l’avance. Donc il gagne aussi à être connu.
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