La vente en vrac : un marché en plein développement
Le vrac, est-ce moins cher ? Est-ce plus vertueux que le préemballé ? Et qu'en est-il de la sécurité alimentaire ? L'enquête de "60 Millions de consommateurs" du numéro de décembre évoque une réalité nuancée dans une étude sur les prix qui a porté sur 500 magasins.
Avec le magazine 60 Millions de consommateurs, nous sommes avec Patricia Chairopoulos, pour évoquer aujourd'hui le dossier paru dans le numéro du mois de décembre sur la vente en vrac, sans emballage, sans conditionnement.
franceinfo : C'est clairement un marché qui se développe ?
Patricia Chairopoulos : Oui, complètement, même si ça reste encore, évidemment minoritaire. Mais autant avant, on le mettait sur le dos des bobos parisiens, maintenant, c'est vraiment un essor puisque, par exemple, le chiffre d'affaires a été multiplié par 12 en six ans. Et d'après une étude de l'institut Nielsen, quatre foyers sur dix achètent du vrac, dont 40% en achètent régulièrement. Donc oui, on peut vraiment parler d'essor, tout à fait.
Quels sont les produits qu'on peut aujourd'hui acheter en vrac alors ?
C'est principalement des denrées alimentaires et principalement des produits secs, aussi bien des graines, du riz, de la farine, des lentilles, des céréales et désormais également des aliments liquides comme l'huile, le vinaigre et le vin. On trouve aussi des produits d'entretien, notamment, comme la lessive liquide, par exemple.
Est-ce qu'on fait de bonnes affaires ? Est-ce qu'acheter en vrac, c'est acheter moins cher ?
Le vrac n'est pas forcément moins cher que les produits emballés. Nous l'avons constaté avec une étude, on a fait des relevés de prix dans 500 magasins, donc aussi bien des hypermarchés que des épiceries bio, que des magasins spécialisés dans le vrac. Et nous avons étudié huit produits comme le riz blanc, les lentilles vertes, le sucre cristal, le vinaigre, etc. Tout ça pour dire que, au final, nous avons constaté que les produits en vrac non bio, dits conventionnels, sont globalement plus chers en vrac que lorsqu'on les achète en paquet.
Ça peut sembler assez paradoxal, mais donc pour les produits bio, c'est plus intéressant ?
Oui, là, nettement. C'est ce qui ressort de notre étude. En revanche, pour les produits bio, bon, déjà, il y a beaucoup plus de choix en produits bio, parce que c'est à la fois historique, et qui dit bio, dit a priori, protection de l'environnement, donc moins d'emballage. Donc, on a un grand choix. Et effectivement, les produits bio en vrac sont globalement moins chers que les mêmes produits préemballés. C'est notamment le cas pour les lentilles vertes, pour le riz, on voit que ça peut aller jusqu'à 22% moins cher que lorsqu'on les achète préemballés.
Est-ce que l'achat en vrac est possible partout ? Est-ce qu'on peut arriver avec ces bocaux, ses propres sacs ? Est-ce que c'est généralisé ?
Justement, c'est possible, mais pas partout. Le vrac n'est pas encore suffisamment répandu, notamment dans les supers et hypermarchés traditionnels. Là, ça va être très compliqué. En revanche, de plus en plus d'épiceries bio et évidemment, dans les magasins spécialisés en vrac, ce sont souvent des magasins relativement petits en centre ville, mais qui, eux, misent vraiment sur le vrac et le fait d'apporter ces contenants parce que la signification du vrac, c'est justement de ne pas gaspiller de sacs.
Donc, effectivement, si vous voulez vraiment jouer la carte du vrac et apportez votre contenant à ce moment-là, il vaut mieux privilégier les épiceries bio et, mieux encore, les magasins spécialisés en vrac, et là, vous entrez dans le magasin, vous pesez vos contenants et après la caisse, évidemment, le poids du contenant sera ôté du poids global.
Pour autant, ce que vous montrez aussi dans ce dossier, c'est qu'acheter en vrac, ce n'est pas forcément du zéro déchet ?
Globalement, c'est plus intéressant. Mais ce qu'on oublie souvent, c'est que en amont, c'est-à-dire lorsque les produits en vrac sont transportés notamment et apportés jusqu'au magasin, ils sont emballés. Et souvent, ce ne sont pas des énormes contenants. Ça peut être 10 kg, par exemple. Donc là, c'est déjà un emballage, parfois même en plastique.
Ensuite, le consommateur va prendre des petites quantités et surtout, s'il n'a pas de contenant, va les remettre dans des petits emballages, peut être pas toujours recyclés. Donc, on ne peut pas dire qu'il y a zéro déchet d'emballage, il y en a, et notamment dans la chaîne en amont, la chaîne de distribution.
Autre chose aussi, on sait que les consommateurs, même s'ils achètent les quantités souhaitées en vrac, il y aura quand même du gaspillage. Malgré tout, chez eux, ils n'auront pas forcément fini les lentilles ou le riz. Et surtout, il y a le problème des mites alimentaires, c'est le point noir en fait des achats en vrac, si ces produits sont stockés un petit peu trop longtemps, ou si ces produits ont déjà des mites à l'intérieur, évidemment, ce produit sera jeté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.