Le débrief politique. A gauche, la primaire éclair et les projets express
Les candidats à la primaire de la gauche Vincent Peillon et Manuel Valls présentent leur programme, la radicale Sylvia Pinel en mal de notoriété, l'emploi du temps surchargé de François Fillon. Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans le Débrief politique de Yaël Goosz.
Si Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont posé leurs jalons dès le mois d'août, ce n'est pas le cas pour Vincent Peillon et Manuel Valls qui ont dévoilé leurs programmes en stéréo mardi 3 janvier au matin. Il leur reste vingt jours pour convaincre les électeurs.
Le programme anti-Fillon de Manuel Valls
Chez Manuel Valls, une tendance se confirme : l'ex-premier ministre met le cap à gauche, quitte à faire oublier le "Valls 2011", déjà candidat à une primaire PS à l'époque. Manuel Valls parlait alors de TVA sociale, de retraites à points, voulait dévérouiller les 35 heures, supprimer l'ISF... Aujourd'hui, le candidat de 2017 n'aime pas qu'on exhume les archives de campagne.
"Vous avez vraiment le regard dans le rétroviseur !, a lancé mardi Manuel Valls à la maison de la Chimie. Voulez-vous que j'aille chercher toutes les propositions des uns et des autres depuis cinq, dix ans, quinze ou vingt ans ? C'est par les actes qu'on juge un homme politique et un homme d'Etat."
L'héritage Hollande assumé a minima
"Une république forte et une France juste" : tel est le nouveau slogan de la campagne de Manuel Valls qui développe un programme anti-Fillon. "L'anti-purge", dit-il. Le document fait cinquante pages. Il ne remet pas en question les 35 heures, ni les effectifs des fonctionnaires, ni le niveau de la dépense publique.
En revanche, Manuel Valls propose des créations de postes dans la police et la gendarmerie, la revalorisation des petites retraites, un service civique obligatoire et l'instauration d'un revenu "décent" (800 euros par mois pour les plus modestes).
Quant à l'héritage de François Hollande, Manuel Valls dit l'assumer, mais du bout des lèvres. "Je ne viens pas proposer le passé, je viens proposer un chemin pour l'avenir", insiste l'ancien chef du gouvernement.
Le "New Deal européen" de Vincent Peillon
Vincent Peillon a, lui aussi, présenté son programme mardi 3 janvier, quasiment en simultané avec Manuel Valls. Le candidat à la primaire de la gauche assure qu'il est prêt et n'a pas bâclé son projet entre deux réveillons. "Ça fait vingt ans que les campagnes présidentielles, les mandats parlementaires et les travaux que j'ai pu faire ici ou là montrent que je suis préparé", souligne-t-il.
Son ancrage au coeur du PS, Vincent Peillon en fait sa marque de fabrique. Lui revendique ses filiations avec François Hollande et Lionel Jospin, dont il reprend les couleurs de la campagne de 2002.
Vincent Peillon qualifie son programme de "New Deal européen", avec un plan d'investissement massif de 1000 milliards d'euros, plus de maisons de retraite, de moyens pour la défense et la justice, ainsi qu'un bouclier fiscal pour les plus modestes.
Sylvia Pinel, candidate en mal de notoriété
Pour connaître le projet de Sylvia Pinel, la seule femme de cette primaire, rendez-vous jeudi 5 janvier. En attendant, l'ancienne ministre radicale de gauche était aux Mureaux mardi 3 janvier, pour parler des inégalités entre hommes et femmes avec des représentants associatifs. Toutefois, la candidate a encore un petit problème de notoriété, à en croire l'une des participantes aux débats qui avoue sur franceinfo s'être renseignée sur Internet avant de la rencontrer.
Malgré cela, Sylvia Pinel assure qu'elle n'est en rien une figurante dans cette campagne et qu'elle veut peser sur le projet du vainqueur. "Je suis assez lucide sur ma capacité à l'emporter, mais pourquoi pas inverser les chose !", lâche-t-elle.
François Fillon en visite chez Emmaüs
A droite, François Fillon a fait sont premier déplacement de l'année chez Emmaus à Paris. Une visite symbolique puisque ses parents ont contribué dans les années 50 à la création d'une antenne Emmaüs au Mans. Toutefois, gare à la méprise ! S'il vient rendre hommage au travail de l'abbé Pierre, ce n'est pas pour prendre un virage social.
"Ce n'est pas la gauche qui fixe mon agenda !, se défend François Fillon, faisant allusion à la primaire de la gauche. Au lieu de camper sur un immobilisme, un conservatisme qui génère cette pauvreté, la gauche ferait mieux de s'interroger sur sa propre responsabilité."
François Fillon est attendu au journal de 20 heures de TF1 mardi 3 janvier, avant de se rendre aux Etats-Unis jeudi et vendredi. Son équipe tire les leçons de la diète de décembre : le candidat était trop absent. "Quand vous êtes immobile, vous êtes une cible", avoue un proche.
L'emploi du temps très serré de François Fillon
Résultat, François Fillon se prévoit un emploi du temps chargé. Il sera donc tout d'abord à Las Vegas, pour le salon CES, le grand rendez-vous mondial de la High Tech. Un salon où s'était rendu Emmanuel Macron l'an dernier. Le candidat à la présidentielle de la droite s'y affichera avec Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait pourtant soutenu Alain Juppé entre les deux tours de la primaire. Plus que jamais, l'heure est au rassemblement.
Autre rendez-vous, hors des frontières, François Fillon se rendra à Berlin fin janvier pour déjeuner avec Angela Merkel, en compagnie d'un autre ex-candidat à la primaire, Bruno Le Maire. Ce dernier est désormais le représentant de François Fillon pour les affaires internationales.
Entre Las Vegas et Berlin, se tiendra le conseil national du parti Les Républicains samedi 14 janvier. Une grand-messe autour de François Fillon, mais aussi des candidats déjà investis pour les législatives. Deux autres déplacements sont également prévus en janvier, à Nice et dans l'Ain.
Enfin, pied de nez aux socialistes, François Fillon tiendra un grand meeting parisien dimanche 29 janvier, date du second tour de la primaire de la gauche.
La note du debrief
Un 5 sur 20 groupé pour tous les candidats à la primaire et au-délà. Tous réticents à vouloir chiffrer précisément leur programme. Or, c'est un gage de crédibilité. A ce sujet, la France devrait s'inspirer des Pays-Bas. Chaque proposition y est chiffrée par une institution publique indépendante de 125 personnes, le bureau central de planification. On aimerait la même rigueur en France.
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