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AirBnB sème la zizanie aux Etats-Unis

Après Uber, c’est au tour d’Airbnb, la plate-forme numérique de location d’hébergement entre particuliers sème la zizanie aux Etats-Unis. Dernier épisode à San Francisco, où un étrange référendum oppose partisans et adversaires d’AirBnB. Qui va gagner ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est un peu tôt pour vous le dire, mais le combat fait rage. Si je vous dis que San Francisco est à feu et à sang, ça serait un peu excessif, mais tout de même il règne bien une étrange atmosphère dans la ville californienne. Figurez-vous que cette semaine des groupes de militants anti-Airbnb, vêtus en habits de deuil sinistre font visiter le quartier historique de North Beach en passant en revue les expulsions de locataires que sont censé avoir provoquées la fameuse plate-forme d’hébergement. Un spectacle un peu surréaliste qu’a décrit notre correspondante à San Francisco, Corine Lesnes, dans cette ville qui connaît une crise sévère du logement. Dans quelques jours, le 3 novembre, aura donc lieu un référendum inédit, les habitants de San Francisco devront se prononcer pour ou contre AirBnB, pour ou contre la proposition dite  "F". Que dit-elle ? Le texte prévoit:

-1 d’interdire aux habitants de louer tout ou partie de leur résidence pour plus de 75 nuits par an. 

-2 : Il imposerait aux plates-formes ainsi qu’aux logeurs, de déclarer chaque trimestre le détail des transactions effectuées.

Et 3 Les habitants qui s’estimeraient floués pourraient réclamer des dommages et intérêts en cas d’infraction.

En ligne de mire Vincent, ces habitants qui se font de petites fortunes en louant leur appartement à des particuliers

Oui, le bénéfice moyen par logeur à San Francisco est estimé à 13.000 dollars, soit 11.400 euros, ça devient très significatif, et bien évidemment, les hôteliers, leurs syndicats, des associations de quartiers se mobilisent car ils accusent Airbnbn d’inciter de fait à la conversion d’immeubles entiers en hôtels pour touristes, plus rentables bien sûr que les locations de long terme. Ce ne serait plus de l’économie du partage, mais un système qui mettrait en danger les acteurs traditionnels du tourisme et empêcherait les habitants de trouver à se loger. Les partisans de AirBnB ainsi que les salariés de l’entreprise se mobilisent aussi et répondent que ces revenus tirés de ces locations sauvages leur permettent au contraire de compenser la hausse des prix de l’immobilier en arrondissant leurs fins de mois.

Et les politiques s’en mêlent

Oui, d’un côté la sénatrice Diane Feinstein, la figure tutélaire de la gauche nationale, engagée à fond contre les plate-formes de location entre particuliers, et de l’autre le maire de San Francisco, très favorable à l’économie numérique. Il faut rappeler qu’on est à deux pas de la Silicon Valley. Ce débat est intéressant pour au moins deux raisons : la première, c’est que la place de cette économie collaborative ou du partage, de même que le statut de travailleurs indépendants que favorisent ces plate-forme, sont en passe de devenir un grand sujet politique et seront à coup sûr l’un des sujets majeurs de la prochaine élection présidentielle. Et la deuxième raison, c’est que ce débat couve aussi chez nous, d’autant que les Français sont de plus en plus nombreux à utiliser ces plates-formes de location entre particuliers. Comment encadrer sans tuer une des innovations majeures de l’économie numérique : c’est la grande question politique du moment.le décryptage

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