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Bruno Le Maire candidat à la primaire. Avec quel programme économique ?

Bruno Le Maire s’est déclaré officiellement candidat à la primaire de la droite et du centre hier soir. Quelle est sa différence économique, vis-à-vis de ses concurrents de Les Républicains ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Jusqu’ici Bruno Le Maire avait surtout joué d’un slogan, le besoin d’un changement de génération, le besoin d’un profond renouvellement des hommes. Cette fois, et grâce au livre qu’il publie aujourd’hui, "Ne vous résignez pas !", on sait désormais que l’ancien ministre cultive sa différence au plan des idées et qu’il est allé piocher un concept, une vision, chez David Cameron.  On le sait nos voisins britanniques ont un talent inégalité pour renouveler et habiller les idées. On se souvient de Tony Blair qui avait réussi à donner son nom à une troisième voie, le blairisme, un réformisme qui entendait renvoyer au musée les oripeaux d’un socialisme présenté comme anachronique. Dans le camp conservateur, David Cameron avait retenu la leçon, il faut un concept pour conquérir le pouvoir, un concept qui capte l’air du temps, trace une perspective et marque l’opinion. Il inventa donc y a six ans, l’odée de la  "big society". Et c’est cette  "big society", cette grande société que Bruno Le Maire a manifestement regardé de très très près.

Quel en est le fil directeur ?

L’idée phare de la  "Grande société", c’est de transformer radicalement le fonctionnement de l’Etat et de la sphère publique en s’appuyant sur le potentiel que constitue la société civile et tous ses acteurs, associations, entreprises, mutuelles, ou acteurs de l’insertion. C’est de redonner le pouvoir à la société, transférer des compétences, s’appuyer sur le local et la proximité. C’est l’idée que l’Etat est trop loin, trop lourd, trop enkysté, trop bureaucratisé, trop dépensier pour être efficace. C’est donc miser sur la capacité des gens à résoudre des problèmes qui les concernent. La grande société encourage les gens à se prendre en charge, à faire, à agir. Il y a un mot anglais, difficile à traduire, qui est celui  "empowerment", ce qui signifie donner plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, écologiques ou politiques.

Et ça a marché ?

Pour conquérir le pouvoir, ça a marché, parce que la big society répond au sentiment diffus mais réel que l’Etat ne sait plus vraiment jouer son rôle. Du côté des réalisations, le bilan est plus mitigé. Disons que les principaux succès se situent dans le domaine de l’éducation, ou beaucoup de choses nouvelles ont été expérimentées, et dans le domaine de l’innovation sociale et de la réinsertion des chômeurs. Du côté des résultats plus contrastés, il y a l’ouverture des services publics aux acteurs privés qui n’a pas vraiment convaincu, même si toutes les politiques publiques ont été redéfinies et réformées en profondeur.

En tout cas, pour Bruno Lemaire, c’est une vraie manière de se différencier de ses concurrents. Il est le seul par exemple à proposer la suppression d’un million de fonctionnaires en 10 ans et un repli de l’Etat sur ses fonctions régaliennes. Dans un pays comme la France qui s’est constitué au tour de son Etat, d’un Etat tout puissant, la big society incarne une vision audacieuse, quasi –révolutionnaire, suicidaire diront peut-être même certains. Voilà en tout cas, un vrai premier débat d’idées.

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