Déficit de la sécurité sociale : la Cour des comptes suggère un sérieux tour de vis sur les arrêts maladie
Dans son rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale, publié mercredi 29 mai, la Cour des comptes suggère une profonde réforme de l’indemnisation des arrêts maladie. Beaucoup d’arrêts sont jugés abusifs et coûtant cher à la collectivité. Bientôt finis les arrêts prolongés pour désaccord avec son chef de service ou son patron, sauf, bien sûr, en cas de réel impact médical ou psychologique.
La facture globale des arrêts maladie a augmenté de plus de 50% entre 2017 et 2022, une flambée de quatre milliards d’euros pour un total final de 12 milliards dans le régime général. Les médecins trop complaisants sont dans le collimateur. Une suggestion va faire vraiment grincer les dents : la Cour préconise de stopper l’indemnisation des arrêts de travail de moins de huit jours et d’augmenter les délais de carence de trois à sept jours.
Après un déficit proche de 11 milliards d’euros en 2023, la Sécurité sociale devrait voir son trou financier se creuser jusqu’à 17,2 milliards d’euros en 2027. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, estime qu’un tel niveau de déficit est "un point de bascule" et que le financement des déficits de la Sécurité sociale n’est plus assuré à terme.
Les causes du dérapage
Le vrai problème se situe, selon la Cour des comptes, au niveau du financement des retraites. La population française vieillit, et quand on passe à la retraite, on est automatiquement rattaché au régime de la Sécurité sociale. C'est écrit noir sur blanc dans le rapport de la Cour : la réforme des retraites initiée par le président de la République, Emmanuel Macron, "n’aura d’effets financiers favorables sur les comptes de la Sécurité sociale que très progressivement".
La santé est l’autre principale source de dépenses. Le déficit de 11 milliards d’euros en 2023 est dû notamment à la multiplication des soins liés à l’augmentation de l’espérance de vie. Mais aussi à la revalorisation du traitement des personnels hospitaliers. Le message est clair : il faut continuer de travailler à la maîtrise des dépenses de santé, discuter avec les partenaires sociaux et avoir du courage politique pour annoncer la couleur aux Français.
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