EDF sort (un peu) la tête de l'eau
Le chiffre d’affaires d’EDF est en hausse depuis le début de l'année. Est-ce grâce à la flambée des cours de l’énergie ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Sur les neuf premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires d’EDF a progressé et atteint 57 milliards d’euros. L'électricien public a bénéficié, dans une certaine mesure, de l'envolée des prix de l'électricité et du gaz mais surtout de la demande d’énergie, qui a beaucoup augmenté sous l’effet de la reprise économique : grâce à son parc nucléaire, plus disponible, mieux exploité que l’an dernier, EDF a pu produire des volumes plus importants qu’en 2020. À cause de la crise sanitaire, plusieurs opérations de maintenance sur ses réacteurs nucléaires avaient pris du retard et EDF avait alors enregistré un manque à gagner de deux milliards d’euros.
EDF voit aussi des clients revenir : dans un contexte, où le gouvernement a instauré un bouclier tarifaire pour le gaz, bloqué les hausses de prix réglementés de l’électricité alors que des fournisseurs privés font faillite, EDF apparait comme une valeur refuge, une sécurité. Conséquence, des particuliers et des entreprises reviennent chez l’opérateur historique.Il y a encore quelques mois, c’était l’hémorragie : EDF perdait plus de 100 000 clients par mois.
Des perspectives de dévelopement de la filière nucléaire
En plus de ces bons résultats, Emmanuel Macron annonce une relance du nucléaire. Dans son allocution, mardi 9 novembre, le président de la République a promis la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France, des EPR sans préciser toutefois le nombre, ni le calendrier, ni le financement. Mais c’est une bonne nouvelle pour le géant de l’électricité, détenu à 83 % par l’Etat : auditionné par le Sénat mercredi 10 novembre, Jean-Bernard Levy, le PDG d’EDF, n’a pas caché sa joie, répété que "le groupe était prêt" et proposé de construire six nouveaux EPR, ce qui nécessiterait entre 50 et 60 milliards d’euros d’investissement sur trente ans.
Jean-Bernard Levy en a aussi profité pour demander un cadre réglementaire et financier plus adapté. EDF réclame depuis longtemps une réforme du marché de l’électricité car l’opérateur public est contraint de vendre une partie de sa production à un prix fixe. Ce plafonnement, en période de hausse des tarifs, comme en ce moment, pénalise le groupe. La pilule est d’autant plus amère qu’EDF est plombée par une dette conséquente : plus de 42 milliards d'euros. Mais modifier le cadre de régulation n’est pas simple, c’est très encadré par la Commission européenne. Le gouvernement avait prévu une vaste réorganisation d’EDF, avec le projet Hercule, mais faute d’accord avec Bruxelles, il a préféré suspendre son projet de réforme.
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