EDF veut revenir sur les 35 heures
Une chose est claire, ça ne sera pas facile, la meilleure preuve c’est que ça fait déjà cinq ans que l’entreprise tente de revenir sur cet accord signé en 1999, au temps où Martine Aubry était ministre du travail, un accord que l’entreprise traine depuis comme un boulet. Sans parvenir à le corriger, en raison notamment du refus total du syndicat majoritaire qu’est encore la CGT dans cette entreprise. Alors que dit cet accord : D’abord, il concerne les cadres, et à EDF ils sont nombreux, plus de 40% des effectifs, c’est à dire près de 30 000 salariés. Ces cadres à EDF travaillent entre 32 heures (oui vous avez bien entendu), donc entre 32heures et 35 heures par semaine, ainsi certains travaillent 4 jours par semaine, d’autres cinq jours. Ils bénéficient d’un nombre de RTT qui varie entre 23 et 32 jours et demi par an. RTT auxquels s’ajoutent des jours de disponibilité pour compenser d’éventuels dépassements d’horaires. La cour des comptes avait déjà souligné la complexité de l’organisation du temps de travail à EDF et surtout le manque de contrôle global sur un système très généreux.
Le forfait-jours
Alors c’est là où c’est assez original, EDF veut pratiquer ce que les économistes appellent le « rachat des rentes ». En clair, ce faible nombre d’heures travaillées est considéré comme une « rente » accordée aux salariés à une époque donnée, plus facile, et l’époque changeant, l’entreprise veut racheter cette rente, cet avantage acquis. C’est exactement le raisonnement de la direction d’EDF.
Elle veut d’abord changer la règle du jeu et passer à ce qu’on appelle le forfait-jours, en fait, c’est tout simple, on compterait alors le temps de travail non plus en heures mais en jour travaillés, un concept largement répandu, et ce forfait serait de 212 jours travaillés au lieu de 196 aujourd’hui, c’est à dire 16 de plus. En sachant en outre que les semaines pourraient désormais dépasser les 35 heures et apporter ainsi bp plus de flexibilité. En échange, la direction propose deux options : option 1, elle donnerait une prime de 10.000 euros aux salariés qui accepteraient ce nouvel accord. 10.000 euros. Option 2 : une augmentation immédiate de salaire de deux points, c’est à dire entre 4 et 6%.
Pour l’instant, l’accueil est glacial, on entend surtout les syndicats, plutôt très hostiles. Les uns font savoir, que ce n’est pas 10.000 mais 80.000 euros qu’il faudrait donner pour compenser l’écart de temps de travail. Les autres ou les mêmes craignent que l’augmentation de salaires ne soit reprise les années suivantes. La direction de son côté fait savoir côté que le système actuel n’est plus soutenable, qu’EDF ne peut plus être en décalage avec le reste du monde qui n’est plus celui d’il y a quinze ans. En fait, beaucoup d’entreprises privées sont parvenues à bouger d’une manière ou d’une autre les accords 35 heures, mais là, avec EDF on est au cœur d’une grande entreprise publique, une vitrine sociale. Le symbole est donc très fort et autant dire que cette négociation est très observée par d’autres entreprises publiques.
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