Énergie nucléaire : onze pays européens renforcent leur coopération
Renforcer la coopération sur le nucléaire était une volonté exprimée lors d’une réunion qui s'est tenue à Stockholm le 27 février entre ministres européens de l’Énergie, avec ce message défendu par la ministre française de la Transition énergétique : l’énergie nucléaire est l’un des nombreux outils qui permet d’atteindre les objectifs climatiques, produire de l’électricité de base et garantir la sécurité de l’approvisionnement, sans émission de CO2.
Le but est double : atteindre l’objectif européen de neutralité carbone en 2050, alors que les énergies renouvelables sont encore instables, et faire face à la concurrence internationale. Royaume-Uni, États-Unis, Chine, Inde, Corée du Sud et Japon voient déjà le nucléaire comme un moyen important de décarboner leur économie. L’idée est d’être sur un même pied d’égalité.
Les onze États européens en question (France, Bulgarie, Croatie, République Tchèque, Hongrie, Finlande, Pologne et Slovaquie notamment) s’accordent pour soutenir de nouveaux projets nucléaires basés sur des technologies innovantes et de l’exploitation de centrales existantes. Dit comme cela, l’idée apparaît encore très vague. Pour l’instant, le texte prévoit des initiatives communes de formations et des collaborations scientifiques plus poussées, notamment dans la sécurité.
Onze États européens sur 27
Cette alliance, poussée par la France est un exercice très politique. L’initiative de Paris intervient à l’heure où le modèle énergétique allemand, basé sur des importations de gaz bon marché, est contrarié par la guerre en Ukraine. La France bataille également contre l’Allemagne et l’Espagne pour faire en sorte que l’hydrogène bas carbone produit à base de nucléaire soit mis à égalité avec l’hydrogène fabriqué à base d’électricité hydraulique et solaire. L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne défendent leur modèle, l’hostilité de Berlin à l’atome est partagée par l’Autrice et le Luxembourg. Certains, comme les États baltes, ne sont pas directement liés à une exploitation nucléaire. Quant à la Suède – dont le gouvernement est pourtant pro-nucléaire –, elle ne peut rejoindre le groupe, car elle assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne et est, de fait, contrainte à la neutralité. Autant dire que les négociations à Bruxelles s’annoncent difficiles.
Cette alliance intervient alors que le projet de loi d'accélération du nucléaire arrive à l'Assemblée nationale. Les députés se penchent sur le texte à partir du mercredi 1er mars en commissions et poursuivront dans l'hémicycle à partir du 13 mars. Ce projet de loi a pour objectif de faciliter le développement de l'énergie nucléaire pour sortir rapidement des énergies fossiles, avec de lourds travaux à la clef : prolongation des réacteurs nucléaires au-delà de soixante ans, refonte de tout ce qui est gouvernance de la sûreté nucléaire… Autre sujet sensible : la perspective pour EDF de programmer au début de l'été 2024 la construction de deux réacteurs EPR 2 nouvelle génération à Penly, en Normandie.
La France a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Pour mener à bien tous ces travaux, l'État va devoir dire et prévoir comment on finance, au moment où les caisses publiques ne sont pas au meilleur de leur forme et qu'EDF est endetté à hauteur de quelque 60 milliards d'euros. Pour montrer l'ampleur de la tâche, lors d'une récente audition à l'Assemblée nationale, le PDG d'EDF a chiffré à, grosso modo, 51 milliards d'euros la construction de six nouveaux réacteurs EPR. De très lourds investissements qui font craindre à certains spécialistes une inéluctable et assez rapide augmentation des prix de l'électricité pour les particuliers.
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