Face à l'inflation, les augmentations de salaires sont-elles la solution ?
L’inflation en France dépasse les 5% pour la première fois depuis 37 ans mais les salaires, eux, ne suivent pas. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Les prix progressent nettement plus vite que les rémunérations. L’inflation atteint 5,2% sur un an, selon une estimation dévoilée mardi 31 mai par l'Insee, alors que les augmentations de salaire dépassent rarement les 3%. Selon le cabinet Deloitte, par exemple, depuis le début de l’année, la hausse du salaire médian est de 2,3%. Résultat : les actifs, ceux qui travaillent, perdent du pouvoir d’achat et presque tout le monde est touché. Selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), rattachée au ministère du Travail, les effets de l’inflation ont déjà fait reculer le salaire des ouvriers de 2,2% par rapport à l’an dernier, de 2,7% pour les cadres. Et ce n’est certainement pas fini.
Toutes n’ont pas forcément des marges de manœuvre, ce qui crée des tensions, des grèves. Certains secteurs ont fait des efforts, par exemple dans la restauration, où un accord a acté une hausse de plus de 16% pour l’ensemble de la grille. Mais, ça correspond plus à un rattrapage et les employeurs ont lâché parce que le secteur manquait de bras.
Eviter la boucle inflation-salaire
En ce moment, il n’est pas rare que les syndicats retournent voir les employeurs pour demander des rallonges alors que les négociations salariales annuelles obligatoires sont terminées – en général, elles s’arrêtent en février-mars. C’est ce qui s’est passé chez Safran, par exemple, qui a finalement accepté de passer à 4% plutôt que 3%. Souvent, pour donner un peu de pouvoir d’achat en plus, les entreprises essaient de verser des primes, de prendre en charge la mutuelle ou de distribuer des cartes carburants.
Le gouvernement ne peut pas contraindre les employeurs. Il préfère les incitations en enlevant par exemple les cotisations sociales et les impôts sur les primes – comme la prime Macron dont le montant maximal va être porté à 6 000 euros annuels. Mais le gouvernement ne veut pas aller trop loin non plus car le risque, c’est d’alimenter ce qu’on appelle la boucle inflation-salaire : si les salaires augmentent trop, pour suivre, les entreprises vont avoir tendance à augmenter leurs prix et, du coup, les salariés, pour ne pas perdre en pouvoir d’achat, vont retourner voir leur patron pour avoir des augmentations, etc. Un cercle vicieux, qui peut vite déstabiliser l’économie.
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