Ferrari fait son entrée au New York stock exchange
Vous vous souvenez sans doute que dans ses célèbres Mythologies, Roland Barthes a écrit des pages sublimes et inspirées sur l’automobile : Barthes disait ceci, "Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique" . Cette réflexion de Barthes s’applique comme un gant à Enzo Ferrari, parce que Ferrari, c’est d’abord l’histoire d’un homme qui dans les années 20 du siècle dernier a rêvé l’automobile comme s’il rêvait la liberté. "J’ai consacré ma vie entière à l’automobile, a dit Enzo Ferrari, ce triomphe de la liberté pour l’homme" . "Une automobile, on doit d’abord la rêver ", avait-il ajouté et Enzo a rêvé grand, très grand, en amoureux de la vitesse. Et c’est ce rêve là qui entre avant tout à la bourse de New York aujourd’hui, bien plus qu’une couleur, une carrosserie, et même un moteur fétiche, comme "Une grande création d’époque" », pour reprendre le mot de Barthes, et un seul petit bout de rêve là, devrait déjà valoir, on le saura ce soir, plusieurs centaines de millions de dollars.
Le paradoxe, c’est que Ferrari revient de loin…
Oui, l’entreprise presque septuagénaire a déjà fait beaucoup de tours de piste, elle s’est plusieurs fois abîmée dans le décor, mais elle a toujours su reprendre la route. De la Ferrari 125 S de 1947, à la Ferrari 150 de 2013, il y a eu des hauts et des bas. Ferrari a failli mourir au moins trois fois : en 1969 ce qui provoque l’entrée de Fiat dans le capital, puis en 1989 après la mort de son fondateur, puis encore en 2002, elle fut à chaque fois au bord du dépôt de bilan, on cru que l’esprit Ferrari était mort. Mais le groupe Fiat a su conduire habilement plusieurs restructurations, sans jamais renier la marque de fabrique de la maison, cet esprit artisanal si cher à son créateur. Cette résilience exceptionnelle lui a permis d’afficher un palmarès sans égal en Formule 1 : quinze titres de champions du monde des pilotes, seize titres de champion du monde des constructeurs.
Que change cette entrée en bourse pour Ferrari ?
Ferrari vaut environ dix milliards d’euros, c’est une entreprise légèrement profitable, elle met sur le marché 9% de son capital, pour renforcer son assise, et faire un nouveau tour de piste :
si son modèle économique reste la rareté, Ferrari veut augmenter sa production, passant de 7000 à 9000 véhicules par an. Il y a de nouveaux clients en Chine, dans les pays du Golfe et bien sûr aux Etats-Unis. Ferrari reste l’emblème du groupe Fiat-Chrysler Automobile. Cette mise en bourse de la filiale Ferrari a pour objectif de donner de nouveaux moyens au groupe pour financer un plan de développement de cinq ans. Quant au fils d’Enzo Ferrari, je vous rassure, il va bien, il est assis sur 10% du capital de l’entreprise familiale et Piero Ferrari n’est pas vendeur. Il reste bien accroché au rêve Ferrari.
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