L'appel au patriotisme économique du gouvernement
Dans l’épineux dossier de l’ouverture des commerces, Jean Castex dégaine une arme anti-Amazon et demande d’''acheter français''. Utile ou vain ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet.
Jean Castex n’est pas le premier à encourager le patriotisme économique : souvenez-vous de Nicolas Sarkozy mais aussi d’Arnaud Montebourg sous François Hollande : tous appelaient à privilégier les produits fabriqués dans l’Hexagone mais en laissant souvent l'affaire au sort du voeu pieu. Non pas que les Français n’en ont pas envie, bien au contraire : les sondages montrent leur sensibilité toujours plus grande à protéger les productions nationales, pour sauver les emplois et réduire l’empreinte écologique.
Trouver du 100% ''made in France'' n'est pas si simple
Mais ils se heurtent à une réalité : ce n’est pas si simple de trouver des produits 100% made in France. Si vous voulez acheter de l’informatique ou un téléphone portable, vous vous rendez vite compte, par exemple, qu’ils viennent majoritairement d’Asie. Pour l’habillement, le cuir, la chaussure etc., c’est pareil : presque 90% de ces produits sont importés. Selon une étude de l’Insee publiée l’an dernier, les biens fabriqués en France ne représentent au final qu’un tiers des articles que nous achetons.
C’est même ''le'' critère déterminant : même s’ils sont souvent considérés comme de meilleure qualité, les produits français coûtent plus cher, 20% de plus en moyenne que les biens importés. Et, le problème, c’est qu’en phase de récession, le consommateur est encore plus attentif au prix que d’habitude. Paradoxalement, c’est donc la plus mauvaise période pour faire appel à un patriotisme de consommation. C’est là, où il a le moins de chance de fonctionner.
Des aides pour inciter les Français
Mais, pour l’encourager, le gouvernement met en place des aides. Pas plus tard qu’hier, par exemple, pour faire marcher les librairies françaises, plutôt qu’Amazon, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a annoncé la baisse des tarifs postaux pour les envois de livres commandés en librairie. Le gouvernement a aussi promis d’encourager financièrement les relocalisations et le retour de filières stratégiques dans l’Hexagone, comme la santé ou l'électronique. Le ministère de l’Économie se félicite d’avoir déjà reçu 3 600 projets de relocalisation en quelques mois à peine. Au point que le milliard d’euros que Bercy avait prévu pour cet objectif en 2020 ne suffira pas. Le gouvernement a d’ores et déjà promis de remettre au pot…
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