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La défiance est grande entre la France et ses partenaires européens

La semaine est décisive pour Pierre Moscovici, le Parlement européen n’a pas encore validé sa nomination comme Commissaire européen aux affaires économiques, et beaucoup veulent lui faire payer le dérapage des comptes publics français. Y-a-t-il une cabale contre la France ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Une cabale, certainement pas, Fabienne, même si certains en France ne résistent pas à la facilité d’attribuer la plupart de nos malheurs à l’intransigeance de nos voisins allemands. En revanche, oui la France est bien dans le collimateur de ses partenaires européens. Soyons plus précis : Les mauvaises performances de la France inquiètent fortement en Europe. On l’a vu la semaine dernière lors de l’audition de Pierre Moscovici par le parlement européen qui a le pouvoir de valider sa nomination comme commissaire européen ou contraire de la retoquer. Ce n’est pas l’engagement européen ou les compétences globales de Pierre Moscovici qui furent mises en cause, mais sa responsabilité comme ancien ministre des finances de la France dans la dérive des comptes français : c’est bien le même Pierre Moscovici qui avait négocié le délai de deux ans généreusement consenti par la Commission à la France pour faire passer son déficit public sous la barre des 3%. Avec le succès que l’on sait. Alors pendant son audition, Moscovici s’est battu comme un beau diable, mais cela n’a pas suffi : il a jusqu’à demain midi pour répondre par écrit à 19 questions des parlementaires, des questions qui sont autant de flèches empoisonnées contre les atermoiements de la politique française.

Il y a une autre audition au Parlement européen cet après midi, Vincent, et la France va encore être un sujet de préoccupation...

Oui, cette fois, c’est le letton Vladis Dombrovskis, pressenti comme l’un des vice-présidents de la Commission qui sera soumis à la question, et ce sera décisif pour Pierre Moscovici : car sur le papier, le français rapportera à ce vice-président. Rappelons que ce Letton a une solide réputation, il a conduit comme Premier ministre un programme d’austérité sans précédent dans son pays. Donc soit ce letton s’affirme comme le vrai patron de Moscovici, et il rassure ainsi les députés, mais ce serait terriblement humiliant pour la France que de savoir ainsi son commissaire officiellement sous tutelle, soit Dombrovskis joue le bon camarade avec Moscovici et il se met lui même en danger. Les députés l’ont déjà dit : ils ne comprennent pas la répartition des rôles entre ces deux hommes-là.

C’est une chicaillerie politicienne ou c’est important ?

C’est important parce que cette histoire là dit combien la défiance est grande désormais entre la France et ses partenaires. Oui beaucoup en Europe trouvent pour le moins curieux de donner les clés de la police budgétaire au représentant d’un pays dont l’image est celle d’un grand délinquant multi-récidiviste. C’est aussi important, parce que si l’existence même de l’euro n’est plus menacée comme il y a trois ans, l’Europe traverse une grave crise économique et que des décisions capitales devront être prises dans l’année qui vient et il serait préférable que la Commission soit alors pilotée par une équipe unie sur l’essentiel.

On aurait donc tort de crier au french bashing ou à l’anti-France. C’est à l’incompréhension de sa politique économique que doit faire face le gouvernement français.

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