La France en retard sur l'apprentissage
Nous avons l’impression que tous les six mois, le gouvernement annonce un nouveau dispositif pour l’apprentissage. Il y a eu une conférence sociale puis des assises et enfin un plan d’aide pour l’apprentissage et, maintenant, donc, le président annonce une suppression totale des charges à partir de septembre prochain pour les petites entreprises qui prendront des « apprentis mineurs ». L’apprentissage, vous savez ce que c’est, il s’agit d’une formation initiale pour les moins de 25 ans, qui alterne cours théoriques et périodes d’immersion en entreprise. C’est un dispositif qui fonctionne pratiquement partout, et qui obtient d’excellents résultats chez nos voisins allemands, suisses, ou autrichiens pour insérer les jeunes sur le marché du travail. Mais en France, le système patine, il est totalement sous développé, et le nombre de places en apprentissage a même reculé en 2013 et en 2014, alors que le président avait fixé l’objectif de 500.000 apprentis en 2017.
Ce sont les entreprises qui ne jouent pas le jeu, Vincent ou c’est un problème d’orientation des jeunes ?
Les deux problèmes existent, et bien d’autres encore. L’apprentissage, c’est un cas totalement emblématique, des problèmes concrets que l’on ne parvient pas à régler dans ce pays. Il y a un problème d’image dégradée de l’apprentissage qui n’existe pas chez nos voisins et qu’il faudrait vraiment traiter. Ensuite, oui l’orientation est totalement déficience, le conseil économique et social le soulignait encore le mois dernier, il y a encore trop de jeunes dans ce pays qui n’ont toujours pas accès à un interlocuteur en mesure de l’informer et de l’orienter. Les dispositifs multiples tiennent comme souvent dans l’administration française du mille feuilles, en principe ce sont les régions qui depuis la décentralisation, doivent remplir ce rôle, mais près de la moitié ne consomment même pas la totalité de leur budget dédié à cette mission pourtant primordiale. Ensuite, très peu de branches professionnelles sentent clairement investies d’une responsabilité en la matière. Enfin, les entreprises se plaignent encore de la bureaucratie, du coût et de la charge réels, que représente l’apprentissage. Bref, il manque clairement une ambition et une volonté collective pour un sujet qui devrait être porté comme une grande cause nationale.
Si le président y revient, c’est qu’il y a une urgence
Il y a clairement urgence. Dans le même avis que je citais à l’instant, le conseil économique et social s’inquiétait que près de deux millions de jeunes soient aujourd’hui sans emploi et sans formation. C’est une véritable bombe sociale. Un jeune de moins de 25 ans sur 4 est au chômage, ils sont même près de 50% dans certains quartiers et certains départements d’outre-mer. Je reprendrais à mon compte la conclusion du Cese : "il ne s’agit pas d’une charge supplémentaire pour la nation mais bien d’un investissement social pour permettre à chaque jeune d’avoir confiance en lui".
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