La Grèce et l'Allemagne en voie de réconciliation
Se parler, se voir, se rencontrer, c’est toujours mieux que de se menacer par médias interposés. Mais le face à face promet, entre d’un côté un jeune ministre bouillant, pourfendeur de l’austérité, et de l’autre le gardien de l’orthodoxie budgétaire européenne la plus stricte. On donnerait cher pour être une petite souris dans le bureau du ministre allemand.
Si Yanis Varoufakis, veut éviter un clash avec son homologue Wolfgang Schaüble, il lui faudrait éviter toute référence provocante au passé. Il y a entre la Grèce et l’Allemagne, un fâcheux contentieux que n’ont pas hésité à déterrer les leaders de la gauche radicale grecque il y a quelques semaines encore pendant la campagne électorale. Une histoire de dommages de guerre et d’annulation de dettes que certains grecs gardent en travers de la gorge.
Ce contentieux historique date de la Seconde Guerre mondiale
Il faut d’abord rappeler que l’occupation allemande pendant la Seconde guerre a été particulière cruelle pour les Grecs. Aux exactions et aux 600.000 morts, s’est ajouté un pillage des réserves en or de la banque centrale grecque sous la forme d’un prêt forcé à l’Allemagne, de plus de trois milliards de dollars. Au lendemain de la guerre, la Grèce obtient un accord de principe, comme plusieurs pays, sur des réparations de guerre pour un montant global de sept milliards que devra lui régler l’Allemagne. Le problème, c’est que la Grèce n’en verra pratiquement pas la couleur. En 1953, l’Allemagne fédérale obtient l’annulation d’une bonne partie de sa dette. Et en 1990, après la réunification, le traité signé avec les quatre puissances victorieuses, la Russie, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, tourne la page du passé et ne fait donc plus mention des réparations de guerre.
La Grèce a tort de revenir sur ce dossier
Et bien je ne le crois pas. Ce serait faire un très mauvais procès à l’Allemagne, et ce serait aussi totalement contraire à l’esprit européen. Ceux des Grecs qui s’acharnent à vouloir faire payer l’Allemagne aujourd’hui, font une erreur historique et politique. Les pères fondateurs de l’union on voulu en finir avec les cycles antérieurs - guerres, représailles et réparations - qui préparaient de fait le prochain affrontement. Oui il a été beaucoup fait pour relever au plus vite l’Allemagne, mais c’était l’intérêt collectif européen, face à la menace de l’Union soviétique. Enfin, si la Grèce n’a pas récupéré l’argent dérobé par les nazis, elle oublie qu’elle a été beaucoup aidée : 1 - elle a d’abord bénéficié de la générosité du plan Marshall, 2 – elle a grandement bénéficié pour sa sécurité de l’existe de l’OTAN dont elle est membre ; 3 - elle a reçu depuis son adhésion à l’Union européenne quelques 63 milliards venus des fonds structurels, largement financés par les grands pays dont l’Allemagne. 4 – Les banques allemandes ont pris leur part de l’annulation d’une grande partie de la dette privée de la Grèce en 2012. Voilà pourquoi, si le ministre grec des finances veut obtenir la bienveillance aujourd’hui de son collègue allemand, il ferait bien de ne pas ouvrir les vieux dossiers du passé.
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