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La Réunion sous haute-tension

Manuel Valls est en visite officielle dans l’île de la Réunion. Malgré ses nombreux atouts, cette région française de l’Outre-mer est toujours sous haute tension, pourquoi ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

 Sur le papier, voilà une île qui a de très nombreux atouts : située dans l’Océan indien entre Afrique et Asie, deux grandes régions du monde en pleine mutation et en pleine croissance. La Réunion n’est pas seulement une île aux paysages escarpés et magnifiques, non loin de Madagascar et à quelques encablures de l’île Maurice, elle est forte de 800.000 habitants, forte aussi de sa jeunesse et d’une vitalité démographique exceptionnelle et forte enfin d’un métissage d’origines, de langues, africaines, indiennes, malgaches et mêmes chinoises qui ont fait sa réputation en matière de créativité, de culture, de gastronomie et de musique. Voilà une île intense, découverte au XVIème siècle par les Portugais, française depuis 1638, même si elle fut quelques temps occupée par les Anglais. La Réunion est aujourd’hui un département d’outre mer français et une région française. Une île qui a à peu près tous les atouts pour s’affirmer comme l’un des grands spots du tourisme mondial.

Mais au-delà des atouts et de la carte postale, la Réunion est dans une situation d’urgence sociale…

C’est l’autre face de la réalité réunionnaise. Il suffit de trois chiffres pour prendre la mesure de la gravité de la situation économique et sociale : 30% de la population est au chômage, dont 60% des jeunes de 15 à 24 ans, c’est la plus mauvaise situation de toutes les régions européennes et même des quatre départements de l’outre-mer. Plusieurs dizaines de milliers de Réunionnais sont dans l’attente d’un logement social, tant les prix de l’immobilier sont exorbitants. Le surendettement des ménages atteint ici un niveau record. Il règne globalement une électricité sociale très forte, des émeutes avaient éclaté en 2012 et 2013, notamment pour protester contre la vie chère, le prix de l’essence et de l’électricité et tout simplement le manque de perspectives. Même la grande activité du tourisme est en baisse depuis plusieurs années, les 17 attaques de requins depuis cinq ans n’y sont pas pour rien. 

Que faire dans cette situation d’urgence et que peut annoncer Manuel Valls ?

Il n’y a pas de solution miracle, hélas. L’Etat est déjà extrêmement présent à la Réunion, où les fonctionnaires et les agents de l’Etat représentent plus de 40% des emplois. Tous les dispositifs d’aide publique pour l’emploi sont utilisés à plein, sans compter les incitations fiscales ; en fait, c’est tout un modèle économique qu’il faut repenser et rebâtir, avec l’aide de l’Etat bien sûr, mais aussi en attirant des investisseurs étrangers. Aujourd’hui, il y a bien quelques projets chinois dans le tourisme, mais les investisseurs préfèrent le plus souvent Madagascar et plus encore l’île Maurice, toute proche, où le coût du travail est plus attractif. Ces deux îles voisines profitent aussi davantage que la Réunion du décollage économique de l’Afrique du Sud et du Mozambique. Si on ne veut pas pousser les jeunes à s’exiler pour aller chercher du travail, c’est d’abord la carte du tourisme qu’il faut jouer, en réinventant une offre plus attractive, notamment dans l’hôtellerie. Ni le sucre, ni le rhum ne seront l’avenir de la Réunion.

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