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L’absentéisme au travail en hausse

Deux nouvelles études révèlent l’augmentation sensible de l’absentéisme au travail. Ces études portent sur le secteur privé, un salarié sur trois est désormais concerné. Comment on explique ce phénomène ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

En vérité, le niveau d’absentéisme des Français au travail demeure assez mystérieux. Jugez plutôt. Les deux études qui viennent de sortir, l’une réalisée par le groupe de protection sociale Malakoff-Médéric, l’autre par le cabinet Alma Consulting ont constaté le même mouvement à la hausse et elles sont incontestables, elles portent au total sur plus de trois millions de salariés d’entreprises. En 2014, l’absentéisme, qui était déjà assez élevé, a bondi de 7,5%, ce qui fait en moyenne près de 18 jours d’absence par an, et cela quelque soit la taille de l’entreprise. Vous l’avez dit, un tiers des salariés sont concernés, et ces absences représentent donc pour une entreprise de 1.000 salariés, l’équivalent de 42 emplois à temps plein. C’est assez considérable, et le montant de la facture atteint la bagatelle de 60 milliards d’euros. En regardant de près, ce n’est pas tant le nombre d’arrêts que la durée des arrêts qui augmente, notamment ceux de plus de 10 jours et ces arrêts concernent un peu plus les femmes que les hommes.

Quelles sont les causes de cet absentéisme record ?  

Là, tout le monde tire la sonnette d’alarme. Une part d’absentéisme est normale, mais quand le phénomène est continuellement à la hausse et qu’il « s’enkyste pour reprendre le mot d’un professionnel, ça pose de multiples questions. Il y a 4 grandes raisons :

1 – La France a une population de salariés qui vieillie, d’autant plus d’ailleurs que nombre de jeunes ont du mal à rentrer sur le marché du travail.

2 – Ces études évoquent des causes extérieures à l’entreprise, comme le fait que les femmes plus que les hommes auraient à gérer des problèmes d’enfants malades et surtout désormais des problèmes de parents âgés et malades.

3 – Il y a des causes ensuite qui sont internes aux entreprises : le fait par exemple que le secteur de la santé est particulièrement concerné, souligne l’épuisement, les phénomène de burn out qui n’ont, nous disent ces études, jamais été aussi élevés.

4 – Enfin, notre économie n’est pas seulement en crise, elle est dans une phase de mutation accélérée du travail, tout change, les organisations, les hiérarchies, les savoir-faire, et nul doute que cette situation génère aussi de l’inconfort, de la remise en cause et du stress.

Est-ce que la situation du privé est la même dans le secteur public ?

C’est toujours une question sensible. Disons que le privé est en train de rejoindre le public, les taux d’absentéisme sont désormais assez proches. Même s’il y a des pics inquiétants et bien connus chez les fonctionnaires municipaux ou régionaux, les cours des comptes régionales ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Des contrôles ont été peu à peu mis en place. Il y aurait en moyenne 6% d’arrêts de travail injustifiés dans le public contre plus de 10% dans le privé, en tout cas c’est ce que dit le ministère de la fonction publique. Près de 40% des communes recourent désormais à des contre-visites médiales et s’inquiètent de voir certains médecins pratiquer des arrêts de complaisance. Vous l’avez compris, Fabienne, l’absentéisme est en train de devenir, non pas simplement un problème d’entreprise, mais un problème de société. Et c’est le plus préoccupant.

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