Le crédit : ça ne marche plus
D’abord, les faits. C’est un changement qui s’amorçait depuis le début de la crise en 2008, peut-être même une mutation plus fondamentale du comportement des Français vis à vis de l’argent : ils sont, nous sommes, de moins en moins nombreux chaque année à recourir au crédit : la Fédération bancaire française et son observatoire des crédits aux ménages, ont publié hier soir leur dernière statistique qui porte sur l’ensemble de l’année passée, 2014 : le taux de détention de crédits est donc tombé à 46,5%, c’est le taux le plus bas depuis la création de cette observatoire il y a, vous l’avez dit, 26 ans. Seuls 13 millions de ménages ont souscrit un crédit l’année dernière, c’est presque 2 millions de moins qu’en 2008, l’année où éclate la crise. Alors que la capacité d’emprunt des Français est supérieure à ce qu’elle était en 2008. Dans le détail, tous les crédits reculent, les crédits immobiliers mais plus encore les crédits à la consommation qui marquent le pas : leur taux de détention a chuté de 8 points entre 2008 et 2014.
Le problème vient clairement du côté de la demande
Du côté de l’offre, on le sait les taux sont désormais très attractifs : pour l’immobilier, les taux n’ont même jamais été aussi faibles que depuis les lendemains de la Seconde guerre. Tout devrait inciter aujourd’hui les Français à s’endetter et pourtant ils ne le font que très modérément. En langage paysan, on dirait qu’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. C’est une tendance lourde, qu’on ne retrouve à ce point dans aucun des grands pays européens. Alors que font les Français de leur argent me direz-vous ? Et bien les Français sont avec les Allemands, les champions européens de l’épargne. Une épargne donc de précaution. Pensez que le patrimoine financier des Français a ainsi augmenté de 20% en 10 ans. Nous sommes clairement plus des fourmis que des cigales.
Les Français sont prudents
Il y a une part de facteurs objectifs : l’augmentation continue du chômage, qui touche on le sait plus de cinq millions de Français ; il y a aussi le fait que les créations d’emplois se font presque toujours avec des CDD, des contrats à durée déterminée. Autant d’éléments qui poussent les Français à la prudence. Mais il y a aussi un pessimisme collectif, un état d’esprit dépressif qui s’installe, les Français n’ont pas confiance en l’avenir. Ce sentiment impacte négativement ce que les économistes appellent les « anticipations des ménages ». Je risque ainsi une autre explication : les Français s’inquiètent pour leur retraite, ils s’inquiète aussi de la difficultés des pouvoirs publics à faire diminuer un tant soit peu et même à simplement contenir le poids de la dette en France qui dépasse les 2000 milliards d’euros. Une réalité qui pèse aussi dans les têtes et donc dans les comportements économiques. Car en économie, tout se tient
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