Le décryptage éco. Assurance chômage : le gouvernement va-t-il aller jusqu'au bout de la réforme ?
Les discussions sur la réforme de l’assurance chômage reprennent mercredi. Patronat et syndicat sont invités au ministère du Travail. Est-ce que la crise sanitaire va tout remettre à plat ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet.
Va-t-on appliquer la totalité de la réforme de l’assurance chômage ? Ou avec la crise va-t-on la retoucher à la marge ? Et si oui comment ? C'est tout l'enjeu du cycle de réunions qui s'ouvre mercredi 30 septembre. Avant le Covid, une partie de la réforme chômage avait été appliquée. Elle devait ensuite se mettre en œuvre, par étapes, cette année, mais voilà : avec le confinement et la crise, elle a été suspendue.
Cette réforme n’est pas sans conséquence, elle vise à durcir les règles d’indemnisation des chômeurs. Par exemple, avoir travaillé plus longtemps pour prétendre à une allocation. Le calcul des indemnisations change et elle instaure aussi la dégressivité des allocations pour les cadres.
La réforme suspendue jusqu'au 1er janvier
Le patronat est concerné, lui aussi, puisque la réforme prévoit normalement un système de bonus-malus pour les entreprises. Celles qui utilisent beaucoup de contrats courts et précaires sont sanctionnées et paient plus de cotisations. Celles qui privilégient les CDI, sont au contraire récompensées.
Jean Castex a prévenu : on ne va pas abandonner cette réforme. Pour le moment, elle est simplement suspendue jusqu’au 1er janvier prochain. Mais que se passera-t-il après ? Les syndicats font valoir qu’étant donné la crise, il est impossible de l’appliquer, ce serait punitif pour les milliers de Français qui perdent leur emploi. De son côté, le patronat n’a jamais voulu du bonus-malus, c’est sa bête noire alors que des secteurs entiers de notre économie jouent leur survie.
Pourquoi le gouvernement ne renonce-t-il pas ? Tout simplement parce qu’à cause du Covid-19, le déficit du régime de l’assurance chômage est abyssal : un trou de près de 26 milliards en 2020 alors qu’on s’attendait, en février, à 900 millions d’euros de déficit. Certes, le système a pris en charge une partie du chômage partiel mais c’est la dette qui finance, et cette année, elle devrait avoisiner les 60 milliards d’euros ! Le gouvernement cherche à limiter la casse. Il y a un autre argument, politique cette fois : Emmanuel Macron veut aussi montrer que malgré la crise, il n’abandonne pas totalement sa volonté réformatrice.
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