Le décryptage éco. Chez Air France, Benjamin Smith prend ses fonctions dans un contexte tendu
Le nouveau PDG d'Air France-KLM, Benjamin Smith commence lundi. Le canadien va tenter d'apaiser les tensions dans le groupe.
Benjamin Smith, le nouveau PDG d’Air France-KLM, prend son poste lundi 17 septembre. Une prise de fonction qui se fait dans un contexte compliqué. Après la longue grève du printemps, le climat social est toujours tendu chez Air France. Il y a quelques semaines, la majorité des syndicats avaient envisagé de nouvelles actions pour finalement décider de ne pas déposer de nouveau préavis en attendant le nouveau directeur. Mais les syndicats ont fait valoir leur impatience.
Ils demandent toujours des hausses de salaire de plus de 5% pour compenser les efforts que les salariés ont réalisé ces dernières années et pour rattraper la hausse de l’inflation. Ils veulent des négociations et attendent Benjamin Smith de pied ferme.
Les pilotes mettent la pression
Le SNPL, principal syndicat de pilotes, est aux avant-postes pour mettre la pression sur Benjamin Smith. Pas question qu’il laisse traîner les choses sur le sujet des salaires, sous entendu d’attendre début décembre, lorsqu’il y aura les prochaines élections professionnelles. Le nouveau patron pourrait en effet être tenté de patienter en espérant que le nouveau bureau du SNPL soit plus conciliant que celui mené par Philippe Evain, le président actuel du SNPL, connu pour ses positions dures. Quoiqu’il en soit, tel qu’est organisé le dialogue social chez Air France, Benjamin Smith aura du mal à faire sans en passer par un accord avec les pilotes.
La lourde tâche de redresser Air France
La rentabilité d'Air France est nettement inférieure à celles de ses concurrents et redonner du souffle à la compagnie n’est pas une mince affaire, même pour ce patron qui a fait toute sa carrière dans l’aérien. Le coût des carburants, notamment le prix du pétrole, pèse sur les comptes de la compagnie. Il y a aussi les charges sociales qui sont très supérieures à celle des nos voisins européens et qui pénalisent Air France. Selon les chiffres de la compagnie, ces charges sociales représentent à elles-seules un écart de coût de 400 à 700 millions d'euros avec les autres grandes compagnies européennes.
C’est sans compter aussi plusieurs taxes d’aéroport et de solidarité qu’Air France doit payer. Il y a aussi la prise en charge des dépenses de sûreté, qui sont aujourd'hui entièrement à la charge des compagnies. Sur la plupart de ces sujets, Benjamin Smith va devoir discuter avec l’exécutif
L’exécutif a lancé les assises du transport aérien
Toutes ces questions sont au cœur des assises du transport aérien, que le gouvernement a mises en place en mars dernier. Le problème, c’est que pour le moment, à en croire les professionnels, ces assises pourraient bien accoucher d’une souris. Les conclusions ont pris du retard et ne seront pas connues avant la mi-octobre au mieux. Enfin, on ne sait toujours pas si le gouvernement va céder les parts qu’il a dans Air France. L’État français conserve encore 14% du capital de la compagne. La cession est souvent évoquée, mais rien n’a encore été tranché. Pourtant, ce choix du gouvernement sera capital pour l’avenir de la compagnie, et pèsera inévitablement sur le travail de Benjamin Smith.
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