Nomination de Benjamin Smith à Air France : il "connaît le métier, il faut lui donner sa chance"
"Pour le reste, je ne comprends pas très bien qu'on soit allé chercher outre-Atlantique un président", a dit sur franceinfo Jean-Louis Baroux, expert du transport aérien et président d’APG World Connect.
À peine nommé nouveau directeur général d'Air France-KLM, le Canadien Benjamin Smith fait déjà face à de nombreuses critiques, sur sa nationalité et son salaire. Les syndicats de la compagnie auraient préféré un patron français ou néerlandais. Ils lui reprochent aussi sa rémunération, car Benjamin Smith pourrait émarger à 4,25 millions d'euros par an, soit trois fois plus que son prédecesseur Jean-Marc Janaillac.
Ce sera "difficile" pour Benjamin Smith, a déclaré vendredi 17 août sur franceinfo Jean-Louis Baroux, expert du transport aérien et président d’APG World Connect. Mais pour lui, Air France peut "sortir de l'impasse" dans laquelle elle se trouve car "Benjamin Smith connaît le métier, il a des avantages", il "a fait sa carrière dans le commercial" et "connaît les clients (…) il faut lui donner sa chance".
franceinfo : Il y a une levée de boucliers de la part des syndicats depuis la nomination du Canadien Benjamin Smith à la tête d'Air France, c'est plutôt un mauvais signal pour la suite ?
Jean-Louis Baroux : C'est vrai que c'est difficile pour lui. Je rappelle qu'à ce jour, il n'est pas encore président. Il faut qu'il intègre le conseil d'administration et qu'il soit nommé président par ce conseil d'administration. On parle de fin septembre pour sa prise de fonction et d'ici là il peut se passer beaucoup de choses. De la part des syndicats, ce n'est pas étonnant. Les dirigeants leur expliquent depuis des années qu'il faut qu'ils fassent des efforts, que le personnel doit avoir une modération salariale et voilà qu'arrive un patron qui est payé beaucoup plus que son prédécesseur. Il ne serait pas étonnant que les discussions deviennent extrêmement difficiles.
Malgré tout, Air France peut-elle sortir de l'impasse dans laquelle elle est depuis plusieurs mois ?
Évidemment qu'Air France peut sortir de l'impasse avec quasiment n'importe quel dirigeant qui connaît un peu le métier. Il se trouve que Benjamin Smith connaît le métier, il a des avantages. C'est quelqu'un qui a fait sa carrière dans le commercial alors que les dirigeants précédents étaient essentiellement de grands administratifs venant de la fonction publique. C'est quelqu'un qui connaît les clients. S'il prend les rênes, comme cela est prévu, cela devrait donner un choc plutôt salutaire. Il faut lui donner sa chance. Il est possible que le nouveau patron donne une orientation qui soit bénéfique à la compagnie.
Benjamin Smith arrive au cœur d'un conflit social tendu avec des salariés, dont les pilotes, qui demandent une augmentation de 4%. C'est ce qui a causé la chute de l'ancien PDG car il ne voulait pas accepter de compromis. Il faudra d'abord trouver une sortie à ce conflit avant de discuter d'autres choses ?
Oui, il va falloir trouver un compromis sur cette revendication salariale. Je rappelle que Jean-Marc Janaillac, ancien PDG d'Air France, a été mis en minorité non seulement par les pilotes mais aussi par le personnel au sol qui a aussi son mot à dire. Il ne faut non plus oublier que les pilotes de KLM ont commencé à manifester des velléités de grève. Il y a un effet de contagion de la part des pilotes français. Pour le reste, je ne comprends pas très bien qu'on soit allé chercher outre-Atlantique un président. On ne me fera pas croire qu'on n'a pas sous la main en France quelqu'un qui soit capable de prendre les rênes d'Air France. Et puis, il y a le poids de l'État qui s'est mêlé de quelque chose dont il ne devrait pas se mêler car on a entendu le ministre des Finances annoncer avant la réunion du conseil d'administration le nom du nouveau président. Ce n'est pas normal.
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