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Le décryptage éco. Consultation à la SNCF : 150 000 cheminots sont appelés à participer au vote-action

Les cheminots sont appelés à s’exprimer par un vote via des bulletins papier sur la question : "Êtes-vous pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?"

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cette méthode à l’ancienne comporte plus de risques que le vote électronique qui a été organisé Chez Air France, sous contrôle d’huissier. (ALEXIS SCIARD  / MAXPPP)

La SNCF démarre lundi 14 mai matin le référendum lancé par les syndicats ou plutôt le vote-action. Il ne s’agit pas d’un référendum, mais d’une consultation, une votation, que les syndicats ont baptisé "vote-action", pour montrer qu’ils sont justement dans une dynamique, avec notamment lundi "une journée sans cheminot" qui est suivie.

Le vote se fera de manière traditionnelle

Au passage, il est intéressant de voir que ce sont les syndicats - CGT en tête - qui étaient les plus opposés au référendum pendant la loi El Khomri, parce que cela contourne les organisations syndicales, qui aujourd’hui y ont recours pour avoir une large majorité de soutien et se donner la plus grande légitimité possible. Très concrètement, ils appellent les 150 000 cheminots à répondre à la question : "Êtes-vous pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?" Le vote se fera de manière traditionnelle, via des bulletins papier. Il y aura des urnes fixes par exemple, lors des Assemblée générales, mais aussi des urnes mobiles présentées à l’occasion de tournées syndicales, dans les ateliers, les postes d'aiguillage, les bureaux pour inciter les non-grévistes à se prononcer.

N’y aurait-il pas des risques de fraudes ? Les syndicats disent eux-mêmes que ce n’est pas simple à organiser, notamment parce que l’entreprise ne leur donne aucun de coup de main, n’a pas transmis de listes d’émargement. Pour éviter des bourrages des urnes, ou les doublons, les syndicats ont justement prévu des listes sur lesquelles ils noteront les noms, prénoms et numéros de matricule des votants. Ils promettent par ailleurs de détruire ces listes après le comptage des voix pour que la direction ne puisse pas savoir qui a participé. Certains salariés craignent toutefois des pressions notamment s’ils n’ont pas envie de voter. Cette méthode à l’ancienne comporte plus de risques que le vote électronique qui a été organisé Chez Air France, sous contrôle d’huissier.

Aucune valeur normative

Les résultats de ce vote-action peuvent-il changer la donne ? Le gouvernement et la direction de la SNCF l’ont répété : quel que soit le résultat, cette vot’action n’a aucune valeur normative. La réforme de la SNCF passera, car elle a est votée par le Parlement, mais ce n’est tout de même pas neutre ! Une des premières victoires des syndicats est qu’avec cette consultation, ils ont a surpris la direction et l’exécutif. Ensuite, tout dépendra du niveau de participation et du résultat, mais un vote massif contre sera un coup dur pour le gouvernement. On l’a vu chez Air France, la consultation de la direction auprès des salariés n’avait aucune valeur juridique, mais a conduit à la démission du PDG Jean-Marc Janaillac.

Là, certes, Guillaume Pepy n’a pas mis son poste dans la balance, mais il n’est pas à l’abri d’un camouflet. Ce sera ensuite compliqué pour lui de négocier les accords, notamment la future convention collective. Le gouvernement sera sûrement obligé d’infléchir sa réforme sur quelques points comme le statut. Si, au contraire, c’est un vote majoritairement positif, le gouvernement et la direction de la SNCF auront les coudées franches pour réformer.

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