Le décryptage éco. Des taux immobiliers toujours plus bas
C’est le moment de négocier un crédit immobilier. Les taux pulvérisent tous les records à la baisse. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Les taux des crédits immobiliers pulvérisent tous les records à la baisse. C’est quasi historique : 1,35% pour les taux d’intérêts des crédits immobiliers – toutes durées confondues. 1,35%, c’est la moyenne établie en avril. On était à 1,39 % un mois plus tôt, selon les derniers chiffres publiés par l'Observatoire crédit logement-CSA, organisme qui regroupe les principales banques françaises. Rarement le crédit immobilier n'a été aussi attractif. Dans le détail, les prêts sur 15 ans se sont négociés à 1,09% en moyenne en avril, les prêts sur 20 ans à 1,27% et les crédits sur 25 ans à 1,49%. Selon les courtiers, on est tout près du niveau le plus bas jamais enregistré en 2016, qui était à 1,33%.
Il est important de préciser que ces taux sont bruts. Et qu’il faut obligatoirement y ajouter une assurance, elle est systématiquement demandée par le créancier. Et elle est calculée selon votre profil, votre âge, votre santé, etc. Ces chiffres ne prennent pas non plus en compte le coût des garanties comme l'hypothèque ou la caution. Mais si les taux sont aussi intéressants, c’est aussi parce que depuis 11 mois de suite, ils sont inférieurs à l’inflation. On n'a pas vu ca depuis 1974 : les intérêts sont plus faibles que la hausse des prix, on parle de taux négatifs.
Taux bas, durée d'emprunt plus longue
Des taux bas, mais des durées d’emprunt, toujours plus longues. C’est la tendance et elle n’est pas nouvelle. L’allongement s’est beaucoup étiré notamment parce que les banques assouplissent leurs conditions. Aujourd’hui, la durée moyenne des prêts a atteint 227 mois, un peu moins de 19 ans. C’est une bonne nouvelle pour les emprunteurs. Et notamment les ménages les plus modestes, ou les jeunes : ils peuvent accéder plus facilement à la propriété, sans payer trop d’intérêts et réduire la mensualité. Sachant que pour les clients privilégiés, qui ont de bons revenus et des garanties, les décotes pratiquées par les banques peuvent aller très loin, avec des taux inférieurs à 1% pour des prêts sur 20 ans.
Ces taux bas sont possibles grâce à l'épargne, en autres, parce qu’il y a beaucoup d’épargne sur les comptes français en ce moment. Lorsqu’elles accordent des prêts immobiliers, les banques françaises financent l’emprunt – environ aux deux tiers – grâce à l’épargne de l’ensemble de leurs clients. Or, les volumes d’épargne du Livret A et du livret de développement social et solidaire n’ont jamais été aussi hauts. En plus, la rémunération de l’épargne est particulièrement faible. Le taux du Livret A est aujourd’hui de 0,75%, c’est à dire plus de deux fois moins que l’inflation. Du coup, ça ne coûte presque rien aux banques.
Et le crédit immobilier reste "le" produit d’appel. Pour les banques, c’est la meilleure façon de fidéliser des clients pendant des années. Jouer sur les taux est une façon pour elles de conquérir de nouveaux clients à qui elles vendront ensuite des placements, des services, des assurances au prêteur, et rentabiliser ainsi l’opération. Alors, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence pour accéder aux crédits, ou même renégocier votre prêt immobilier.
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