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Le décryptage éco. Jacques Chirac, le président de la fracture sociale qui met la France dans la rue

Jacques Chirac, élu en 1995 président de la République, va se heurter à un immense mouvement social sur les retraites. Il avait pourtant promis de réduire la fracture sociale. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation d'étudiants et de cheminots contre les réformes sociales à Marseille (Bouches-du-Rhone), le 30 novembre 1995. (GEORGES GOBET / AFP)

Comment ne pas se souvenir de la longue grève de 1995 ? La France bloquée, les transports à l’arrêt, les syndicats unis contre la réforme des retraites, on n’avait pas vu ça depuis 1968. On y pense d’autant plus que les centrales menacent de préparer un nouveau 1995 contre le système universel de retraite qu’Emmanuel Macron veut mettre en place. À peine arrivé au pouvoir et quelques mois après avait fait campagne sur la "fracture sociale", Chirac sort sa réforme de la Sécurité sociale et il ajoute ce petit plus qui va mettre le feu aux poudres : la réforme des régimes spéciaux des retraites qui vise à aligner les systèmes de la RATP, de la SNCF, de la fonction publique sur le privé. À l’automne 1995, le mouvement social est massif, les Français le soutiennent. On parle alors de grève par procuration. 

"Droit dans ses bottes"

On se souvient qu'Alain Juppé, Premier ministre, tient à rester "droit dans ses bottes". Mais mi-décembre, il finit par renoncer. Cet épisode de notre histoire reste encore très présent aujourd’hui dans l’inconscient collectif. Pour les syndicats, c’est une grande victoire de lutte collective. Pour les gouvernants, quel que soit leur bord politique, c’est un traumatisme que personne n’a envie de réactiver. Il y a toujours la crainte de voir ce type de mouvement réapparaitre.   

L’autre mouvement social de masse qu’a connu Jacques Chirac a lieu en 2006, c’est le contrat première embauche, le CPE. Ce contrat réservé aux jeunes de moins de 26 ans qui prévoyait une super période d’essai de deux ans, durant laquelle l'employeur pouvait rompre le contrat sans donner de motif. Cette fois, c’est Dominique de Villepin qui est à Matignon et qui présente en janvier 2006, ce contrat qui mettra les lycéens et étudiants dans la rue. Le CPE aboutira à cette décision plus qu’étonnante : la loi, votée, est promulguée puis "suspendue en pratique" par Jacques Chirac. Bref, le CPE est enterré. Depuis, aucun homme politique n’ose proposer des mesures emploi spécifiques à la jeunesse.  

Malgré ces deux mouvements, Jacques Chirac est aussi l’homme du dialogue social, même s’il a beaucoup bataillé avec les syndicats. À la toute fin de son dernier mandat, en 2007, il fait voter la loi Larcher du nom de celui qui est alors son ministre délégué à l’Emploi et au Travail. Un texte qui impose qu’avant toute réforme sociale, dans le domaine de l’emploi, ou autre, le gouvernement doit concerter en amont les syndicats et le patronat. Une loi qui fait encore référence aujourd’hui.

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