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Le décryptage éco. Jusqu’à quand Uber peut-il perdre de l’argent ?

Un nouveau patron, de nombreux déboires… Uber n'est pas le succès que l’on croit.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L’Opinion)
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dara Khosrowshahi, ex-patron d'Expedia, aujourd'hui PDG d'Uber, ici en juillet 2016. (DREW ANGERER / GETTY / AFP)

On s’imagine qu'Uber, leader de la réservation de véhicules avec chauffeur, géant américain de la Silicon Valley qui s’implante un peu partout dans le monde, est le symbole de la réussite. Et pour cause. Un seul chiffre : le nombre de courses a augmenté de 150 % en un an ! Pourtant il y a un contraste incroyable : l’entreprise perd de l’argent, et pas qu’un peu, plus de 600 millions de dollars rien qu’au second trimestre.

Pourquoi tant de pertes ? Un exemple : Uber vient de payer 8 millions d’euros d'amendes aux Philippines pour avoir le droit de continuer son activité. A Manille, le gouvernement a cherché à empéché Uber d’accepter de nouveaux chauffeurs. Car là-bas, comme dans tous les pays où la marque s’implante, les taxis se mobilisent contre l’arrivée de ce concurrent, forçant les gouvernements à réguler.

Ce n’est pas la première fois qu’Uber est ralenti dans sa croissance par des barrières administratives, ça été le cas au Danemark, où Uber a jeté l’éponge. Ou même au Texas, à Austin, où l’administration a contraint Uber à partir.

Crise de croissance

En France, la filiale française de la société californienne a, elle aussi été freiné dans son développement. On se souvient de la grogne des taxis parisiens quand Uber est arrivée il y a cinq ans. Face aux manifestations, parfois violentes, le gouvernement français est lui aussi intervenu pour contraindre l’activité.

Par ailleurs, l’engouement des personnes à devenir chauffeur, sans être salarié, n’a pas manqué de faire débat. Car n’être payé qu’à la course est difficile et il y a des demandes de requalification de contrats de chauffeurs en cours. Des syndicats de chauffeurs Uber se sont crée, ils ont demandé aux Français de boycotter la marque. Des négociations sur un tarif minimum au kilomètre ont eu lieu… Et des concurrents – comme Le Cab ou Chauffeur privé – sont aussi apparus… Le développement d’Uber est tout sauf d'un long fleuve tranquille.

Somme d'incertitudes

Uber mise aujourd’hui sur un changement de patron : le fondateur a été poussé vers la porte de sortie. Travis Kalanick a dû démissionner en juin après une série d’affaires de harcèlement sexuel, de discrimination. Son successeur est Dara Khosrowshahi, le patron d'Expedia, le voyagiste en ligne qui a réussi à faire d’Expedia un des leaders mondiaux du secteur.

Son défi chez Uber sera de restaurer l’image de l'entreprise. Mais surtout de redresser les comptes. L'entreprise a levé plus de 8 milliards de dollars depuis 2010, c’est la preuve que les investisseurs y croient encore. Et c’est ce qui fait aussi qu’Uber est encore une boîte bien valorisée.

Mais, c’est normal, ces actionnaires commencent à s’impatienter, ils attendent un retour sur investissement. Et entre les scandales et les pertes abyssales, l’introduction en Bourse s’avère très périlleuse : qui veut encore payer pour une telle somme d’incertitudes ?

Tout le pari de la marque consiste à tenir jusqu'à pouvoir se passer des chauffeurs, jusqu'à ce que les progrès technologiques lui permettent de ne plus avoir, en partie ou totalement, de chauffeurs humains. Aux Etats-Unis, à Pittsburgh, Uber a lancé les voitures sans chauffeur. Mais cela pose des problèmes de sécurité, car il y a déjà eu des accidents. L’entreprise californienne mise aussi sur les voitures volantes... Mais, en attendant les miracles de la technologie, Uber a peut-être poussé un peu loin le moteur de l’ubérisation, et cassé une mécanique prometteuse.

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