Le décryptage éco. L'étrange et spectaculaire bonne santé de l'économie britannique
Six mois après le référendum historique sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’économie britannique semble en pleine forme. Comment expliquer ce paradoxe ?
L’économie britannique semble en pleine forme, six mois après le réferendum sur le Brexit qui a vu les Britanniques se prononcer à 52% pour la sortie de l'Union européenne.
Jusqu’ici, l’économie britannique déjoue tous les pronostics. La plupart des experts et des études, réputées les plus sérieuses, avaient pronostiqué sinon un effondrement, du moins une grave dépression économique, parfois même une récession économique en Grande-Bretagne dans les mois qui suivent le référendum. Jusqu’ici, donc, il n’en a rien été. Mieux : depuis quelques jours les indices publiés – des chiffres réels et non plus des pronostics – montrent que l’économie britannique a terminé l’année 2016 en grande forme. Avec un record quasi historique de ventes de voitures neuves, qui font d’ailleurs du Royaume-Uni le deuxième marché automobile européen, derrière l’Allemagne, mais très loin devant la France.
Un autre indicateur, qui témoigne cette fois de l’activité des services, est lui aussi au plus haut : il comprend les secteurs cruciaux de la finance, des communications, de l’hôtellerie, de la restauration, ou des transports. L’économie britannique est "booming" comme disent nos amis anglo-saxons, au point que la croissance en 2016 du Royaume-Uni pourrait atteindre les 2,1%, soit l’un des performances les plus élevées du continent européen
La confiance des consommateurs
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette bonne santé de l'économie britannique. Il y a l’exceptionnelle capacité de résilience de ce peuple singulier, une résilience peu commune et légendaire, dont il a d’ailleurs montré maints exemples au cours de l’histoire. Il n’y a pas de panique chez nos amis britanniques. Le consommateur british est à la hauteur de sa réputation, confiant et flegmatique. Il a consommé, sans se laisser abattre par l’adversité ou l’immense incertitude des temps présents. Comme si, au fond, les Britanniques, savaient que l’affaire du Brexit était si complexe qu’elle allait prendre des années, semblant croire ainsi à la formule célèbre du Guépard, dans le film de Visconti, il fallait bien que tout change pour que rien ne change.
2017 s'annonce comme une année délicate
Il faut rester prudent en matière de prévisions en économie. Tout laisse quand même penser que l’année 2017 sera une année plus difficile, peut-être même celle du retournement de la croissance, l’année du choc, peut-être même. Plusieurs grands instituts internationaux voient la croissance s’effondrer cette année au Royaume-Uni.
Nous sommes à quelques semaines seulement du déclenchement officiel de la procédure de séparation, qui aura lieu en mars, et c’est là que commencerait le plus dur. Les plus pessimistes en voient déjà les prémices : la baisse brutale de plus de 15% de la livre par rapport au dollar et à l’euro aura des conséquences négatives, les produits importés vont coûter plus cher. L’attentisme va prévaloir et l’investissement va donc diminuer fortement. La stagnation des salaires et le bond de l’inflation attendue à 3% cette année par la banque d’Angleterre, auront forcément un impact négatif.
Bref, nos amis Britanniques auraient donc mangé leur pain blanc. Et cela d’autant plus, que jusqu’ici les 27 tiennent bons : ils font bloc et ne se sont nullement enclins à faciliter la négociation avec les Britanniques, qui souhaitaient, selon une expression utilisée dans un document officiel, tenter d’avoir, avec le Brexit, le beurre et l’argent du beurre. Le flegme Britannique sera donc mis à rude épreuve en 2017.
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