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Le décryptage éco. La Norvège, pionnière de la voiture électrique

En Norvège, plus de la moitié des voitures immatriculées en mars sont électriques. Retour sur ce record mondial. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une borne de recharge pour les voitures électriques. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

C’est impressionnant : en mars 2019, les voitures zéro émission ont représenté 60% des nouvelles immatriculations en Norvège. C’était 37% à la même période il y a un an. Il faut dire que la Norvège a mis le paquet. Elle a supprimé la plupart des taxes sur les véhicules électriques et mis en place des incitations très directes. Le stationnement gratuit, les péages gratuits pour ceux qui ont des voitures propres mais aussi la possibilité d’utiliser des voies de bus ou des voies réservées, ce qui fait gagner du temps aux conducteurs. Il y a aussi des bornes de recharge : rien qu'à Oslo, la capitale, il y en a plus de 2 000.

150 000 véhicules électriques pour 5 millions d'habitants

On compte 150.000 voitures électriques pour ce pays de seulement 5 millions d'habitants. Ce résultat, c’est aussi le fruit d’un consensus politique. En très peu de temps, la Norvège est devenue un laboratoire pour le reste du monde, une étude de marché en temps et en grandeur réels.

On imagine l’intérêt des constructeurs. Audi, Mercedes ou Jaguar ont choisi la Norvège pour lancer les ventes de leurs premiers modèles tout électrique. Mais c’est surtout la marque Tesla qui en profite en ce moment. Aucun pays au monde ne compte proportionnellement autant de modèles Tesla que la Norvège. Rien qu’en mars dernier, sur les 10 000 nouvelles immatriculations, plus de la moitié sont des Model 3 de Tesla. Nissan tire aussi son épingle du jeu. En revanche, pour Toyota et Daimler, c’est plus dur  

La France a du retard

La France, elle, n’est pas tout en bas du tableau européen - l’electrique gagne du terrain - mais on peut clairement faire mieux. Le souci, c'est qu'il y a des obstacles qu’on a du mal à lever. Déjà, il n’y a pas vraiment de consensus politique, on l’a vu en matière de fiscalité écologique. Et puis, les constructeurs automobiles sont aussi plus hésitants car ce virage vers l’électrique signifie aussi des risques de suppressions de milliers emplois.

Il y a quand même, en France, des incitations financières et ce n'est pas rien. Si vous voulez acheter un véhicule électrique ou hybride, l’État vous verse jusqu’à 6 000 euros de bonus. L'association UFC-Que Choisir a fait le calcul. Même si à l’achat, c’est plus cher, au bout de quatre ans, votre véhicule électrique est nettement plus avantageux qu’une essence ou un diesel.

Mais en France, le problème va bien au-delà du prix. On n’a pas su mettre en place de vrais avantages à la circulation, comme en Norvège, avec des voies réservées, des infrastructures adaptées, notamment pour pouvoir recharger les batteries. C’est un des principaux problèmes. C’est aux collectivités de mettre en place des systèmes de recharge mais elles ont du mal à le faire. Il faut aussi faire évoluer les textes. Il est par exemple facile d’installer des bornes pour recharger chez soi, mais dès qu’on est en copropriété, en collectivité, cela devient compliqué.

Plusieurs de ces freins devraient être levés dans la loi LOM (loi sur les mobilités) qui est discutée en ce moment par les sénateurs. Mais la France ne va pas rattraper la Norvège tout de suite. D’autant qu’elle vise, dès 2025, 100% véhicules zéro émission pour les nouvelles immatriculations.

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