Le décryptage éco. L’économiste Jean Pisani-Ferry rejoint l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron continue d'étoffer son équipe. Après l'arrivée de la journaliste Laurence Haïm, c'est l'économiste Jean Pisani-Ferry qui le rejoint.
C'est une belle prise de guerre pour Emmanuel Macron. Le candidat à la présidentielle est rejoint par l'économiste Jean Pisani-Ferry sans sa course vers l'Elysée.
Pourquoi je quitte #FranceStratégie et rejoins @EmmanuelMacron https://t.co/7QjPtjBUVC
— Jean Pisani-Ferry (@pisaniferry) 11 janvier 2017
Jean Pisani-Ferry était, jusqu’à mercredi 11 janvier, commissaire général de France Stratégie, un organisme héritier du Commissariat au plan, rattaché à Matignon et chargé de conseiller le Premier ministre sur les grandes orientations économique et social.
Un économiste renommé
Pour le situer, Jean Pisani-Ferry est l’économiste que Dominique Strauss-Kahn avait choisi pour l’épauler à Bercy lors qu’il était ministre dans le gouvernement de Lionel Jospin. C’est un économiste de haut vol, respecté en France et à l’étranger, connu pour son indépendance d’esprit, sa rigueur et son engagement européen.
Il est d’ailleurs membre du conseil d’administration du think-tank de Jacques Delors, Notre Europe, et il a été directeur de l’institut Bruegel à Bruxelles, qui travaille et analyse toutes les politiques économiques de l’Europe et des pays membres. A ce titre, c’est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs des problématiques de l’euro.
Déçu des Premiers ministres de François Hollande
Jean Pisani-Ferry appartient clairement à ce qu’on appelle la deuxième gauche. Celle qui pense que l’Etat et la loi ne peuvent pas tout et que la société civile a un vrai rôle à jouer pour identifier les problèmes et les négocier au plus proche des réalités du terrain.
S’il rejoint Emmanuel Macron, c’est à la fois parce qu’il partage le projet, la philosophie et la méthode du candidat d’En Marche, mais aussi, même si il ne le dit pas, parce qu’il a eu le sentiment de ne pas être toujours très écouté par les Premiers ministres de François Hollande.
A la tête d’un groupe de 400 experts
Jean Pisani-Ferry va piloter les 400 experts que le mouvement En marche revendique. Ils doivent nourrir le candidat en propositions et définir le cadrage budgétaire du programme. Bref, c’est le signal qu’Emmanuel Macron passe une nouvelle vitesse, une nouvelle étape, et étoffe son équipe pour crédibiliser son projet. Il doit montrer qu’une éventuelle victoire ne serait pas un saut dans l’inconnu. Et c’est le point faible d’Emmanuel Macron aujourd’hui.
Eviter à tout prix le "syndrome Bayrou"
En 2007, le candidat centriste avait fait certes une très belle percée dans les sondages, mais le jour du vote, beaucoup de français avaient considéré que voter Bayrou, c’était prendre un risque car ils ne savaient pas bien comment le candidat centriste allait vraiment gouverner. Les meilleurs connaisseurs de l’opinion parlent du "syndrome Bayrou". Et c’est exactement le risque qui guette Emmanuel Macron.
D’autant qu’il reste encore beaucoup d’inconnues : avec qui gouvernerait Emmanuel Macron s’il était élu président de la République ? La question peut paraître carrément prématurée, mais Macron a besoin de rassurer et de montrer qu’il est capable de construire une majorité.
C’est d’autant plus important, que ceux parmi les députés et les sénateurs qui ont de la sympathie pour lui, hésitent encore à se rallier et à prendre leur risque.
Il faut rappeler que c’est une première sous la Vème République : jamais un candidat figurant dans le groupe des favoris pour l’élection présidentielle ne s’est présenté sans avoir derrière lui un parti politique constitué. Bref, il y a encore beaucoup de travail.
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