Cet article date de plus de cinq ans.

Le décryptage éco. Les comptes de la Sécurité sociale, dans le rouge, victimes collatérales de la crise des "gilets jaunes"

Mauvaise nouvelle : les comptes de la Sécurité sociale ne seront pas à l’équilibre cette année. Conséquence: un risque sur des réformes, comme celle de la dépendance. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Porte vitrée de la CPAM à Paris. (FRED DUFOUR / AFP)

 Les comptes de la Sécurité sociale ne seront pas à l’équilibre, comme c'était pourtant prévu cette année. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a estimé que "le retour à l'équilibre des comptes de la Sécurité sociale, qui était attendu en 2019, était compromis" . En septembre dernier, le gouvernement se félicitait que les comptes de la Sécurité sociale soient de nouveau dans le vert après 18 ans de déficit. Dans la loi de finances votée début décembre, il tablait même sur 100 millions d'euros d’excédent. Oui mais voilà, la crise des "gilets jaunes" est passée par là. Et les mesures d'urgence annoncées fin décembre pour répondre à la colère des Français ont changé la donne, assure Agnès Buzyn. Le gouvernement est face à un casse-tête : trouver au moins dix milliards d’euros pour financer ces mesures.  

Il va donc piocher dans le budget de la Sécurité sociale. C’est assez logique, car dans la Sécurité sociale, une grosse partie est affectée aux retraites. Et parmi les mesures "gilets jaunes", il y a la baisse du taux de CSG pour certains retraités. Il a aussi l'avancement au 1er janvier – au lieu du 1er avril – de l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires – et notamment la cotisation maladie. Rien que pour ces deux dispositifs, la Sécu va devoir se priver de plus de 2,5 milliards  d'euros de recettes.

Est-ce que l’Etat va compenser ce manque à gagner ? Pour le moment, on en sait rien, répond la ministre. Mais une chose est sure, le retour à l’équilibre des comptes n’est pas pour tout de suite. Est-ce que ce sera à horizon 2020, 2021 ? On ne sait pas.

Une dégradation des comptes de la Sécurité qui pourrait pénaliser les futures réformes

Le gouvernement s’en défend mais oui, il y a des chances car ça limite ses marges de manoeuvre pour un certain nombre de dossiers : notamment la réforme de la dépendance, une loi est prévue normalement pour la fin de cette année. Le gouvernement dit qu’il tiendra son calendrier mais c’est une réforme lourde à mettre en place. Car avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées en situation de perte d’autonomie devrait doubler d’ici à 2060, pour atteindre plus de 2,5 millions. Beaucoup sont prises en charge dans des EHPAD, des maisons spécialisées et médicalisées. Le besoin de financement est énorme puisqu’on estime que la perte d’autonomie coûte aujourd’hui 30 milliards d’euros par an, soit 1,4 point de PIB. Pour y faire face, Emmanuel Macron avait promis en juin dernier la création d’un 5e risque couvert par la Sécurité sociale – à coté des quatre autres, que sont la retraite, la santé, la famille, et les accidents du travail – Mais avec des comptes de la Sécurité sociale déficitaires, il va peut-être être obligé de revoir ses ambitions à la baisse. Pour l’instant rien n’est arrêté, Agnès Buzyn termine tout juste une concertation.  

Moduler le prix des EHPAD en fonction des revenus

L'idée s’agit de faire payer en fonction de ses moyens, comme cela se fait dans les crèches. Car une place en EHPAD, c’est entre 2 500 et 4 000 euros par mois. Forcément, les personnes âgées les plus modestes ont dû mal à suivre, car en moyenne, une fois qu'on a déduit les aides existantes, il reste encore 2 000 euros par mois à débourser. Cette piste est sur la table, comme d’autres. Comme rajouter un deuxième jour férié travaillé pour la dépendance ? Tout est ouvert, explique le gouvernement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.