Cet article date de plus de cinq ans.

Le décryptage éco. Les inégalités de revenus sont stables en France, mais pas celles de destin

L’Observatoire des inégalités publie son troisième Rapport sur les inégalités en France. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un homme bien habillé passe devant un SDF dormant devant une porte d'entrée à Paris (JOEL SAGET / AFP)

Les inégalités entre milieux sociaux commencent dès la petite enfance et hélas ne se résorbent pas au fil de la vie. C'est un des enseignements du rapport 2019 sur les inégalités en France, publié par l’Observatoire des inégalités. Il montre des inégalités entre milieux sociaux dès l’école. Ce rapport compile une foule de données très officielles issues de l’Insee, des ministères de l’Éducation, du Travail, de la Santé. Les enfants de cadres sup sont trois fois plus nombreux que ceux des ouvriers à accéder aux études. Les filles et fils d’ouvriers représentent à peine 7% des élèves de classes prépa, 4% des effectifs des écoles de commerce. Là où c’est préoccupant, c’est que le nombre de diplômés a augmenté entre les années 70 et 90 mais que depuis il stagne, comme si l’on atteignait un plancher.  

Des privilèges liés au diplôme

On ne le dira jamais assez : la qualification reste le meilleur sésame pour trouver un emploi. Le taux de chômage est presque quatre fois plus élevé pour un jeune qui n’a pas de diplôme que pour celui qui a fait des études supérieures longues et les non diplômés se retrouvent souvent dans des emplois précaires, des CDD, de l’intérim avec des cadences difficiles, des horaires contraints. La pénibilité des emplois est 10 fois plus fréquente chez les ouvriers que chez les cadres. Au total en France, selon le rapport, huit millions de gens sont en "mal-emploi", dans des emplois peu ou non qualifiés, des "uberisés", des indépendants du bas de l’échelle.        

Sans surprise, les cadres sup – qui sont payés autour de 4 100 euros en moyenne par mois – ont un salaire 2,5 fois plus élevé que les employés. Les inégalités passent aussi par le patrimoine et elles restent marquées en France : si on prend en compte les biens immobiliers et financiers, les 10% les plus fortunés détiennent quasiment la moitié de l’ensemble du patrimoine des ménages français.

Une précarité des modes de vie

L’Observatoire le rappelle : grâce à notre modèle social, le niveau d'inégalités est à peu près stable depuis une dizaine d’années. Sachant que les 1% les plus riches gagnent au moins plus de 7 000 euros par mois et qu’au bas de l’échelle, cinq millions de personnes pauvres vivent avec moins de 855 euros par mois. Cela n’empêche pas le mal-logement de "persister de manière choquante dans notre pays", dit l’étude, avec 143 000 personnes qui n'ont aucun domicile. Ni l’inégalité peut-être la plus cruelle qui concerne la santé ou même la mort : les hommes plus pauvres vivent 13 ans de moins que les plus riches – 71 ans contre 84 ans et demi pour les plus aisés. 

Enfin, le rapport déconstruit une idée reçue : la France qui est à la peine, c’est d’abord celle des grandes villes. À Marseille, Nîmes, Lille, Drancy, Aubervilliers, dans plusieurs quartiers, le taux de pauvreté dépasse les 70%. Évidemment, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pauvreté dans les territoires ruraux.

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