Cet article date de plus de quatre ans.

Le décryptage éco. Liban : une catastrophe en plein chaos économique

Le Liban est meurtri par l'explosion de mardi mais aussi confronté à l’effondrement de son économie.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un homme après l'explosion qui a ravagé Beyrouth (Liban), le 4 août 2020. (STR / AFP)

Les explosions de Beyrouth mardi 4 août ont fait plus de 100 morts mais depuis près d’un an maintenant, le Liban est en proie à l’une des pires crises économiques et sociales de son histoire récente. On se rappelle des manifestations contre le pouvoir accusé de corruption qui avaient commencé à prendre de l’ampleur à l’automne dernier, sur fond de grèves et de pénurie d’essence et d’électricité. Depuis, la situation n’a fait que se dégrader et le coronavirus a encore amplifié la crise.

Tout s’est accéléré quand le Liban a fait défaut sur le remboursement de sa dette. En mars dernier, Beyrouth, qui croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% de son P.I.B, annonce qu’il ne remboursera pas une première tranche d’1,2 milliard de dollars sur sa dette. Quelques jours plus tard, le Liban fait savoir qu’il n’honorera pas le paiement de ses bons du Trésor émis en dollars.
La perte de confiance en l’économie fait que la livre libanaise s’effondre face au billet vert, la banque centrale ne peut plus faire face, et le FMI est appelé à la rescousse. Les négociations pour une aide du Fonds monétaire débutent au mois de mai.

Les Libanais prennent de plein fouet les conséquences de la crise

Le résultat de cet effondrement c’est l’explosion de l’inflation et du chômage.
En un peu moins d’un an, les prix des produits de base ont bondit de 169%, tout ce qui est importé est hors de prix du fait de la chute de la monnaie libanaise.
Dans le même temps, le chômage a grimpé de 35% et d’une façon générale, on estime que le pouvoir d’achat des ménages a chuté de 85%. La situation sociale est telle que des ONG comme Save the Children tirent la sonnette d’alarme : selon elle, plus d’un demi-million d’enfants luttent actuellement pour leur survie rien qu’à Beyrouth. Et cela touche non seulement les familles libanaises mais aussi les réfugiés, surtout Syriens : ils sont près d’1,5 million au Liban.

Le Liban peut se relever de cette crise doublée de la catastrophe de ces dernières heures. Il faudra que le FMI et d’autres d’organisations internationales jouent leur rôle. Beyrouth espère obtenir environ 10 milliards de dollars d’aide de la part du Fonds monétaire, qui exige en retour des réformes, notamment dans le secteur de l’énergie, en déroute et qui cristallise la colère des Libanais. Mais avec cette catastrophe, l’heure est plus que jamais à l’urgence, les discussions seront pour plus tard.

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