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Le décryptage éco. Pourquoi Emmanuel Macron va bénéficier de marges de manœuvre économiques

Emmanuel Macron est élu au moment où, après cinq ans de ralentissement, l’économie mondiale accélère enfin, à nouveau. De nombreux indicateurs sont au vert, élargissant la marge de manœuvre du nouveau président.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron a une bonne étoile, au moins pour son début de mandat. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

S’il est plus sage de se garder des pronostics ou prévisions à trop long terme en économie, tout laisse penser que décidément, Emmanuel Macron a une bonne étoile, au moins pour son début de mandat. Une baraka que n’aura pas eu en tout cas son prédécesseur : le cycle économique mondial, dans les pays développés au moins, est en net amélioration. Après cinq ans de ralentissement, l’économie mondiale accélère enfin, à nouveau, et toute une série d’indicateurs sont en train de repasser au vert : remontée de la production industrielle, légère appréciation des matières premières, revitalisation du commerce mondial. Le dernier rapport du FMI nous dit clairement que la France va pouvoir bénéficier d’une accélération de la croissance dans le monde et dans la zone euro. Il y a une nette embellie, qui tient au fait que la pièce manquante de cette reprise timide qu’on connaissait ces derniers temps est enfin là : cette pièce, c’est l’investissement, qui enfin repart à la hausse, en Chine, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe.

18 mois au moins de taux d’intérêt très bas

Pour la zone euro, cela signifie que la croissance est sur une pente de près de 2% par an, ce n’est pas totalement mirobolant, certes, mais on sort enfin de cinq années très poussives. L’économie française va donc avoir un peu de vent dans le dos, ce qui va donner au nouveau président un petit peu de marge, dans un contexte très contraint, pour financer ses réformes. On sait que dans un premier temps, les réformes coûtent toujours plus cher qu’elles ne rapportent, elles ont besoin de temps pour produire des effets. Enfin, dernier élément favorable, la banque centrale européenne va continuer sa politique dite accommodante, c’est à dire que la France comme les autres pays de la zone euro va continuer à bénéficier de taux d’intérêt très bas pendant au moins encore 18 mois au minimum.

Restaurer le lien avec l’Allemagne

Le nouveau président mise aussi sur une nouvelle relation avec l’Allemagne. C’est le deuxième élément qui laisse penser que là encore Emmanuel Macron arrive au pouvoir dans un contexte nouveau et favorable. L’Allemagne a senti passer le vent du boulet : après le vote des Britanniques pour le "brexit", une éventuelle victoire de Marine Le Pen aurait été dévastatrice pour l’Allemagne, pour l’Europe et plus encore pour l’euro, qui n’aurait pas pu survivre sans la France. L’Allemagne cherche désespérément un partenaire crédible aujourd’hui. Elle n’en est toujours pas revenue du choix des Britanniques de sortir de l’Union, l’Allemagne se sent seule, dangereusement seule, face aux multiples défis que l’Europe doit affronter.

L’Allemagne a donc une demande de France comme elle n’en a pas eu depuis très longtemps. On sait que la relation franco-allemande s’était beaucoup dégradée depuis une quinzaine d’années, avec des torts plutôt partagés, même si la France a quand même une lourde responsabilité. Mais là, il y a une fenêtre. Et d’ailleurs qu’il y ait des élections générales en septembre prochain ne changera rien à cette situation favorable : le parti d’Angela Merkel fait exactement le même diagnostic que les sociaux démocrates sur ce point. Les deux sont demandeurs d’une nouvelle relation avec la France et se sont réjouis de la victoire d’Emmanuel Macron qu’ils connaissent bien.

Le pari de l’investissement massif

Cette relation nouvelle pourrait permettre de reconstituer un leadership européen, et donner le sentiment au monde que l’Europe reprend son destin en main, ce qui serait particulièrement bon pour la confiance. Ce leadership permettrait consolider la zone euro et surtout d’infléchir la politique économique européenne, en mettant en œuvre une politique massive d’investissements. Beaucoup de pays en Europe en ont besoin, la France au premier chef. C’est le pari d’Emmanuel Macron. Les discussions ne seront pas certainement faciles, mais il y a un contexte qui a radicalement changé en Allemagne. Et c’est à la France de faire sa part de chemin pour pouvoir en profiter pleinement. 

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