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Le décryptage éco. Pourquoi le taux de pauvreté ne recule-t-il pas en France alors que l'économie se porte mieux ?

Le PIB en France a progressé de 2,3 % en 2017 mais le taux de pauvreté est resté stable à 14% de la population. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié
Temps de lecture : 3min
Un SDF à Paris, en 2015. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

L’Insee nous apprend que le taux de pauvreté ne recule pas en France : pas d’amélioration en 2017 alors que la croissance est revenue. Pourquoi ? Le taux de pauvreté en France est estimé à 14% de la population : 8,8 millions de personnes vivent avec un revenu inférieur à 60% du revenu médian, c’est à dire avec moins de 1 000 euros net par mois, 1 026 euros exactement.

Or en 2017, le PIB, la richesse nationale, a progressé de 2,3%. L'Hexagone n'avait pas connu ce niveau de croissance depuis 2007, c'est-à-dire avant la crise. On peut être déçus aussi parce que cette stabilité vient après une année de recul en 2016, le taux de pauvreté avait baissé de 0,2 point, mais on se console aussi en se disant que c’est mieux que 2015 et 2014, deux années où la pauvreté avait plutôt progressé. 

Moins de redistribution en 2017

L’Insee pointe deux phénomènes qui ont joué en sens inverse en 2017 : un positif et un négatif. Le phénomène positif, est lié au marché de l’emploi qui s’est amélioré en 2017, et qui a évité, pour reprendre l’expression employée par Emmanuel Macron, que "certains ne tombent pauvres". Pour la première fois depuis 2009, le chômage de longue durée a reculé ce qui a permis aux moins diplômés et moins qualifiés de maintenir leurs revenus. La pauvreté est très corrélée à l’emploi : 38% de chômeurs sont pauvres, contre un peu plus de 6% des salariés.

Côté négatif, l’Insee pointe certaines mesures sociales et fiscales prises en 2017 qui ont "mécaniquement accru le taux de pauvreté". L’organisme cite par exemple "la baisse des aides au logement" qui a "pénalisé les ménages les plus modestes". L’Insee note qu’il y a eu en 2017, un moindre effet redistributif – de quoi satisfaire les opposants à la politique Emmanuel Macron.

Des attentes autour du plan pauvreté

Attention, toutefois, ce ne sont pour le moment que des estimations, explique l’Insee. Les chiffres définitifs en matière de pauvreté seront connus en septembre prochain.

Il faut espérer que le plan présenté le 13 septembre dernier aura quelques effets, notamment pour limiter la pauvreté des enfants. Rappelons-le, dans notre pays, un enfant sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, ce qui fait trois millions d’enfants. Selon une étude édifiante de l’OCDE, il faut six générations en France aux enfants d’une famille très modeste pour espérer rejoindre la moyenne.

Enfin, même si le taux de pauvreté reste stable et encore beaucoup trop élevé avec 14%, la France fait figure de bonne élève. L’Hexagone a le taux de pauvreté le plus faible des pays les plus peuplés d’Europe. C’est 16,5% en Allemagne, presque 16% au Royaume-Uni et presque 20% en Italie.

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