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Le décryptage éco. Quelles grandes idées économiques pour les candidats à la primaire de la gauche ?

On connaît depuis mercredi, les grandes lignes des programmes économiques de chacun des candidats à la primaire de la gauche. Quelle philosophie, quelles originalités, quelles différences existent-ils entre les candidats ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les sept candidats à la primaire de la gauche. De gauche à droite et de haut en bas : Jean-Luc Bennahmias, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls. (Stéphanie Berlu - Radio France)

D’abord sur le fond, il est intéressant de voir comment les candidats à la primaire de la gauche se situent par rapport aux cinq ans de mandat de François Hollande. Si on veut bien reconnaître au président d’avoir fini au bout du compte et bon an mal an par dégager deux grandes priorités :

1. La compétitivité des entreprises, avec 40 milliards de baisse de charges

2. Un rétablissement des comptes publics, même s'il reste fragile. 

Ces deux priorités sont carrément dédaignées, négligées par les candidats de la primaire. Comme si l’affaire était entendue et que le job avait été fait. Pourtant, la compétitivité de l’économie française est un problème qui reste largement devant nous. Et le contexte économique européen mondial ne nous permettra pas de faire n’importe quoi en matière de dépenses publiques.

A cet égard, les hypothèses de croissance retenues dans les projets, autour de 2%, sont assez fantaisistes et les chiffrages très aléatoires pour ne pas dire, dans certains cas, complètement baroques. Seuls Hamon et Montebourg ont au moins la sincérité d’annoncer la couleur et de dire qu’ils abandonnent, quoi qu’on en pense, le critère des 3% de déficit public.

Une relance pour tous, mais avec des nuances

Il existe de bons arguments pour défendre une politique de relance. C’est d’ailleurs ce que proposent classiquement la plupart des candidats socialistes et notamment Arnaud Montebourg, Benoît Hamon mais aussi Vincent Peillon. Ils veulent profiter d’un moment qui semble favorable aux politiques keynésiennes de relance, comme on le voit avec les projets de Donald Trump aux Etats-Unis par exemple.

L’Europe aussi a besoin d’investissements publics pour conforter une croissance flageolante. Notons tout de même que le plus prudent, Vincent Peillon considère que c’est d’abord à l’Europe de porter cet effort de relance et il propose ainsi un grand plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros soit lancé au plus vite, sans nous dire si il en a parlé avec nos partenaires et si, donc, l’affaire aurait une chance de se concrétiser.

Les conséquences d'une politique de relance sous-estimés

Aucun des candidats ne semblent avoir travaillé sur les effets de cette politique de relance en France. Or, on vient de le voir ces derniers mois : la France, de fait, a bénéficié d’une stimulation de sa demande intérieure grâce à la baisse des prix du pétrole et à la très faible inflation. En résumé, les études montrent qu’un euro de relance a généré 72 centimes d’importation.

Ce qui signifie que quand on relance la demande, on relance d’abord l’achat de produits étrangers, et qu’on dégrade donc encore plus notre solde commercial. Pourquoi ? Parce que le cœur du problème, c’est l’inadaptation de l’appareil productif. Et cela n’intéresse pas beaucoup les candidats, même si c’est déjà sur le même sujet qu’avait buté la gauche en 1983, sous François Mitterrand. 

Un revenu universel qui fera débat

Le débat se cristallise sur le revenu universel dans le domaine social. C’est intéressant parce que c’est une idée qui revient à la mode et qui a une double origine, elle est ancrée philosophiquement à la fois dans une certaine tradition de la gauche et chez les libéraux. Et c’est sans doute sur ce sujet, une confrontation intéressante entre Benoît Hamon, qui en défend le principe, et tous les autres qui y sont hostiles au nom d’une certaine idée du travail. Et ça, c’est un très beau sujet de philosophie politique, même si le financement d’une telle mesure paraît quand même extrêmement problématique.

En résumé, il faut espérer que le candidat qui sortira de la primaire utilisera les quelques mois qui reste avant l’échéance de la présidentielle pour tenter de redonner à la gauche une doctrine en matière économique, à la fois forte, pertinente, réaliste, et surtout adaptée à notre époque de grandes mutations.

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