Le décryptage éco. Taxe européenne sur les transactions financières : le retour d'un serpent de mer
Emmanuel Macron a annoncé mardi sa volonté de créer une taxe sur les transactions financières affectée à l'aide au développement. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Dans son discours sur l’Europe, mardi 26 septembre, Emmanuel Macron a remis sur la table l’idée d’une taxe sur les transactions financières au niveau européen. Cette taxe que l’on appelle aussi taxe Tobin, du nom du prix Nobel d'économie,
c’est l’Arlésienne.
Le principe est de ponctionner quand vous achetez ou vous vendez des actions et des titres, cette taxe a pour objectif de limiter la spéculation financière. L’Europe n’a jamais réussi à se mettre d’accord sur son adoption.
En 2013, une dizaine d’Etats – dont la France, l’Allemagne, l’Italie – ont décidé d’avancer sur le sujet, dans le cadre "d’une coopération renforcée". Mais les discussions piétinent. Cette fois, Emmanuel Macron veut donner un coup d’accélérateur. Et il veut s’inspirer des deux pays qui ont ce type de taxe, le Royaume-Uni et la France.
La taxe existe déjà, pour une efficacité limitée
En France, c’est François Hollande qui en 2013 a créé une taxe sur les transactions financières. Elle rapporte un milliard d’euros, par an, ce qui n'est pas négligeable.
Le problème est qu’elle rate sa cible, comme le montre un rapport de la Cour des comptes, de juin dernier. Depuis qu’elle existe, elle n’a pas coûté grand-chose aux banques qui, en fait, l’ont répercutée sur les clients. Et au lieu de lutter contre la spéculation, elle a déplacé les opérations dans d’autres pays où la taxe n’existe pas. Le risque est aussi de plomber l’attractivité de la place boursière. C’est ce que disent ses opposants, notamment le lobby bancaire.
Au delà du symbole, un geste vers la gauche
Est-ce qu’Emmanuel Macron peut vraiment la mettre en œuvre ? Tant que l’Europe restera aussi divisée, on ne voit pas comment cette taxe pourrait se mettre en place. Mais ça ne mange pas de pain de la proposer : les ONG applaudissent. Surtout qu’Emmanuel Macron promet de reverser la totalité de ses recettes à l'aide au développement. Et ça tombe bien quand les budgets d’aide aux pays en développement, justement, viennent d’être rabotés.
Emmanuel Macron caresse les électeurs socialistes et ceux de la France insoumise dans le sens du poil. Cette taxe, c’est une vraie mesure de gauche. Mais qui risque bien de rester une chimère.
Le chiffre du jour. 22. La France reste à la 22e place en matière de compétitivité dans le rapport du Word Economic Forum qui passe au crible la santé économique des pays. L’Hexagone reste dans une position quasi stable par rapport à l’année dernière (21e place).
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