Le retour du dossier des retraites!
Et d’abord et surtout pour les 18 millions de salariés du privé, c’est à dire tout ceux qui cotisent aux deux caisses de retraites complémentaires: l’Agirc et l’Arrco. Ces retraites sont dites complémentaires, puisqu’elles viennent en complément du régime général des retraites. Ces caisses ont fait des réserves financières, sauf qu’au train où vont les choses, elles accumulent chaque année des déficits, et donc elles seront en danger dès 2018 pour l’une, dès 2027 pour l’autre.
Il y a un triple effet dévastateur : 1/ la crise économique fragilise le système, 2/ l’arrivée massive des babyboomers à la retraite et 3/, la diminution des cotisations provoquée par l’augmentation du chômage. Du coup c’est tout le système qui vacille. C’est maintenant qu’il faut décider et prendre des mesures difficiles. Et cette tâche revient aux syndicats et aux patrons qui ont seuls la responsabilité de ces régimes complémentaires. C’est dire si les partenaires sociaux jouent leur crédibilité, déjà singulièrement écornée, sur ce dossier. Si il n’y a pas d’accord, c’est tout simplement le niveau de retraite qui va baisser d’au moins 10% dès 2018.
Concrètement, quelles sont les mesures sur la table ?
Il n’y a pas de miracle, en matière de retraite, ce sont toujours les trois mêmes paramètres dont on discute : l’âge de départ, les cotisations et les pensions. Du côté des patrons, le Medef s’appuie sur un rapport de la Cour des comptes, en gros la manœuvre, c’est de profiter de cette négociation pour pousser les salariés à travailler plus longtemps à repousser de fait l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, pour pouvoir toucher une retraite pleine. C’est assez violent, et les patrons refusent pour l’instant toute hausse des cotisations pour ne pas peser davantage sur les charges des entreprises. Du côté de la CFDT, deux propositions majeures. D'une part, une taxe de 4% payé par les salariés qui partent à la retraite et d'autre part, une taxe pour les entreprises qui licencient des séniors. Mais il n’est pas sûr que cela suffise. FO préfèrerait une hausse des cotisations, quant à la CGT, elle n’a pas une envie folle de négocier et réclame, de manière un peu incantatoire, une égalité salariale des hommes et des femmes qui réglerait selon elle le problème.
Est-ce qu’il peut y avoir un accord cette semaine?
C’est possible, depuis 1947, il y a toujours eu un accord. D’autant plus qu’il y a beaucoup de pression sur les épaules des partenaires sociaux. Au-delà même de ce dossier des retraites, c’est leur capacité à s’entendre et à réformer qui est en cause, qui plus est, dans un dossier où ils sont seuls en ligne. En cas d’échec, ou si les partenaires se contentaient de demi-mesures, il y aurait au moins deux conséquences : cela renforcerait d'un côté tous ceux qui disent qu’il faut en finir avec le paritarisme, et qu’il faut sortir les partenaires sociaux de la gestion des retraites et des grands risques, la santé ou l’assurance chômage. Trop de demi mesures, trop de tergiversation, trop de théâtre. Du coup, il faut laisser l’Etat reprendre la main et assumer la responsabilité de l’intérêt général. La deuxième conséquence possible est plus encore politique : François Hollande ne cesse d’exhorter les partenaires sociaux à négocier, depuis le début du quinquennat, il veut faire du dialogue social le vecteur des transformations de notre économie et de notre Etat-providence : un échec sur les retraites complémentaires, après l’échec d’autres négociations, sur les fonctionnaires ou les règles du dialogue social, démontrerait la faiblesse, et même la caractère anachronique d’une telle stratégie et renverrait la balle aux politiques. C’est donc une partie d’une toute première importance qui se joue cette semaine.
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