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Législatives en Grande-Bretagne : l'économie sujet numéro un

Coup de théâtre en Grande-Bretagne, trois sondages donnent désormais le parti travailliste en tête pour les élections législatives du 7 mai prochain. Les conservateurs, au pouvoir, présenteront leur programme ce matin. Tout semble se jouer sur l’économie, pourquoi ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

A moins d’un mois des élections législatives décisives, les travaillistes créent en effet la surprise pour l’instant à passant en tête dans les sondages. Et ces mêmes études, montrent que le parti d’Ed Miliband est peut-être en train de gagner sa crédibilité en matière économique. C’est important, c’est même décisif, car si une partie des électeurs veulent le changement, ils ne veulent surtout pas le retour de l’aventurisme ou de l’amateurisme, en matière budgétaire et fiscal notamment. C’est en fait une vieille histoire : les conservateurs ont toujours appuyé là où ça fait mal : ils ont toujours reproché aux travaillistes d’avoir été au pouvoir au moment où le pays s’était quasiment effondré à la fin des années 70, juste avant l’arrivée de Margaret Thatcher qui sauvera le pays, avec le dureté que l’on sait. De même, les conservateurs accusent aujourd’hui leurs adversaires du Labour d’avoir mal géré le violent choc économique de 2008, en laissant s’envoler le déficit public à plus de 11% du Pib, c’est colossal, les deux années qui ont suivi.

Mais la Grande-Bretagne affiche des records de croissance, le pays va bien aujourd’hui, non ?

C’est tout le paradoxe. Si vous regarder les grands indicateurs, la croissance flambe à 3%, record des pays occidentaux, il se crée mille emplois par jour, et le chômage est retombé à son plus bas niveau, autour de 6%, des résultats qui font rêver sur le continent. Seulement, ces chiffres là ne disent pas tout de la situation de nos voisins. En fait l’économie va mieux, dans un pays qui ne va pas très bien. La fameuse classe moyenne britannique est encore en plein doute, si ce n’est en plein désarroi : globalement, elle n’a toujours pas retrouvé son pouvoir d’achat d’avant la crise de 2007. La reprise, est certes vigoureuse, mais elle s’est aussi effectuée au prix de l’explosion des  "mini jobs", ou des  "bad jobs"qui enferment les travailleurs peu qualifiés du secteur des services dans un salariat précaire. Enfin, ce pays est en proie à une profonde crise identitaire, au point de ne plus savoir vraiment s’il appartient ou non à l’Europe.

Qu’est-ce que promettent de changer les travaillistes ?

Les travaillistes font d’abord attention de ne pas trop promettre et font assaut de prudence : ils se sont engagés à ne pas créer de nouveaux impôts, à poursuivre la réduction du déficit budgétaire, et même la diminution des dépenses publiques, sauf dans l’éducation et la Santé qui verraient leur budget augmenter. En revanche, plus de justice fiscale, plus de pression et de contrôle des grandes entreprises. Le slogan, c’est sérieux budgétaire et rééquilibrage de l’économie en faveur des classes moyennes, avec une hausse programmée du salaire horaire minimum de près de 20% d’ici 2019. Et c’est aussi, un attachement plus clair et plus ferme en faveur de l’Europe. C’est pour ça que cette élection s’annonce aussi passionnante qu’importante au delà même de la Grande-Bretagne.

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