Les banques mondiales peuvent-elle racheter des dettes publiques ?
Je ne suis pas Mme Irma, je ne lis pas encore dans les boules de cristal, néanmoins, on peut toujours regarder ce qui s’est passé ailleurs. La Banque centrale européenne a donc décidé d’injecter 1.100 milliards d’euros dans l’économie, à travers un plan massif de rachat de dettes, notamment publiques, à raison de 60 milliards par mois.
Alors en théorie, une telle démarche a trois effets :
1 – la monnaie baisse,
2 – L’inflation remonte,
3 – l’économie repart, notamment via les exportations qui sont ainsi dopées. C’est comme si on créait une énorme étincelle pour faire repartir tous les moteurs de l’économie.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon ont tenté l'expérience
Prenons trois exemples récents, les Etats-Unis, le Royaume Uni, et le Japon, tous ont utilisé cette arme massive pour sortir des effets de la crise financière mondiale de 2008.
Le cas américain d’abord, c’est le plus spectaculaire, l’opération de tous les records, les Américains s’y sont mis à trois reprises, avec une première vague dès le lendemain de la crise en 2008, une deuxième en 2010 et une troisième en 2012 qui ne s’est interrompue qu’en octobre dernier. Au total, en quatre ans, 4000 milliards ont été injectés dans l’économie. Les ménages et les entreprises ont pu emprunter à des taux très faibles, ils ont profité du rebond de la bourse, la confiance est revenue très vite, et oui, l’action de la banque a été décisive pour faire repartir l’économie américaine dont la croissance frôle aujourd’hui les 3%.
Ça ne marche pas à tous les coups
C’est beaucoup plus mitigé dans le cas du Japon. Alors la situation initiale n’est pas la même : le Japon se débat depuis dix ans dans une crise de langueur, une déprime déflationniste, et donc le plan de banque centrale, lancé en 2013 visait à réveiller l’économie japonaise tombée dans une sorte de coma. Deux ans après, le Yen a bien perdu de sa valeur comme espéré, mais au total, l’inflation demeure très faible et surtout l’économie n’est pas vraiment repartie, elle semble plombée par des facteurs plus lourds, comme par exemple le déclin démographique.
Pour résumer, oui, le programme de rachat de près 500 milliards d’euros, décidé en 2009 par la banque d’Angleterre, a fait du bien à l’économie britannique, qui était en grande difficulté, mais ça n’a pas été miraculeux, l’amélioration a été beaucoup plus lente.
Donc, ce type d’action ne marche pas à tous les coups. Dans le cas européen, les économistes sont divisés : les plus pessimistes disent que ça vient trop tard, et insistent sur les différences de tissus ou de culture économiques, notamment par rapport aux Américains. Les autres, plus optimistes, disent que ça peut marcher, mais que la banque centrale ne peut pas tout faire, et qu’il faut que chaque pays continue ses réformes pour favoriser l’activité et profiter ainsi des effets du plan. Bref, ce n’est pas une baguette magique qui nous permettrait de nous reposer sous nos lauriers en attendant le soleil.
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