Les conséquences économiques du terrorisme
Cela peut paraître un peu anachronique, à côté du deuil, de colère et du chagrin, de vous parler d’économie ce matin, mais peut-être pas tant que ça. Depuis les années 70, où le terrorisme a frappé en Europe, puis surtout depuis le 11 septembre 2001, des chercheurs travaillent sur les effets économiques des attentats. Pas seulement dans les pays qui ont été ou sont encore largement dévasté ou déstabilisé par un terrorisme quasi-quotidien mais aussi dans les villes ou les pays où des actes de terreur ont été commis, à New York, Bali, Madrid, Beslan, Londres ou Charm el-Cheick. A côté des souffrances et des dommages matériels parfois colossaux, tous ces attentats ont eu des conséquences économiques très diverses et importantes. Ces travaux économiques nous disent qu’il y a en général deux types de scénario possible : Le 1er, c’est celui du sursaut national, de l’union, d’une mobilisation quasi patriotique pour faire barrage à la peur, comme il y a eu par exemple aux Etats-Unis dans les semaines qui ont suivi les attentats du 11 septembre : le gouvernement avait stimulé l’économie pour tenter d’éviter que le choc politique se double d’une dépression ou d’une crise économique. Et dans un élan national, très culturel, les Américains eux même avaient continué à consommer dans un acte quasi militant, afin de soutenir ainsi leur économie et leurs emplois.
L’autre scénario est plus négatif
C’est quand les terroristes frappent à intervalle plus ou moins réguliers, quand le virus de la peur et de l’insécurité gagne les esprits et commence à changer les comportements économiques des particuliers et des entreprises : on se déplace moins, on consomme moins, on diffère des investissements petits ou grands. Le coût des politiques de sécurité s’envole, et renchérissent les actions économiques et les transactions. Les grandes entreprises annulent ou différent des campagnes. On en n’est pas là bien sûr aujourd’hui en France et il est encore bien trop tôt pour dire savoir comment les Français réagiront si le terrorisme s’installait d’un manière ou d’une autre dans notre quotidien. Un scénario du pire que bien évidemment nul ne souhaite.
Bernard Maris, un rebelle à sa manière
L’une des victimes de l’acte barbare et effrayant d’hier contre nos confrères de Charlie Hebdo était un homme, un économiste, un écrivain, un journaliste singulier, un original, bien connu des auditeurs de Radio France. C’était Bernard Maris, un homme engagé, volontiers rebelle à sa manière, nourri de Marx et surtout de Keynes, et qui refusait obstinément qu’un économisme ambiant ruine l’ambition et la noblesse de l’idéal politique. Un homme sensible, au grand charme, qui aimait les duels, bataillait certes contre l’ère du temps libéral, mais sans aucun sectarisme, ni arrogance. Bernard Maris n’avait pas la religion de l’ennemi. L’homme qui vient de perdre la vie sous les balles du fanatisme, cherchait simplement à nous préserver de « la fureur du capitalisme ».
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