Manifestations contre la réforme des retraites : après la mobilisation réussie du 31 janvier, quelle stratégie pour les syndicats ?
La journée de mardi est une réussite pour les syndicats. Avec près d’1,3 million de manifestants en France mardi 31 janvier, selon la police, et 2,5 millions selon l’intersyndicale. Le record de 2010 est battu, contre le passage de 60 à 62 ans. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Les cortèges étaient fournis mardi 31 janvier notamment dans les petites villes : 6 000 personnes à Montélimar, 2 000 à Saint-Jean-de-Maurienne, 12 000 à Rodez, soit beaucoup plus de monde que le 19 janvier.
C’est un mouvement intergénérationnel avec très peu débordements, pas de violence. C’est donc le retour de la bonne manifestation conviviale, bon enfant, festive. Avec des syndicats unis, qui font front commun, avec aux manettes Laurent Berger de la CFDT et Philippe Martinez de la CGT – même si Laurent Berger s’impose comme le leader du mouvement. Pourtant, le taux de grévistes a baissé dans la fonction publique, chez les enseignants, ou bien à la SNCF. Preuve que les travailleurs du privé ont rejointe les cortèges. Les agents de la fonction publique expliquent aussi que, comme ils sont partis pour un bras de fer qui va durer plusieurs semaines, ils dosent l’effort.
La grogne persiste
Les syndicats se sont mis d’accord sur deux nouvelles journées de mobilisation. Dès la semaine prochaine, pour maintenir la pression, battre le fer quand il est chaud. Le mardi 7 février, tout d’abord, soit le lendemain du débat du projet qui va commencer dans l’hémicycle et puis le samedi 11 février. C’est important cette journée d’action un week-end, c’était un souhait de la CFDT, pour permettre aux salariés de rejoindre le mouvement sans perte de salaire, sans poser un jour de grève. L'idée, c'est de permettre à des travailleurs précaires, des CDD , des indépendants de les rejoindre. Ces deux dates tombent pendant les vacances aussi. Pas simple à gérer pour les organisations, avec autour, des actions comme dans les raffineries où des grèves sont prévues la semaine prochaine. Pour l’instant, pas de grève reconductible à la SNCF. Les syndicats cherchent à tout prix à garder l’opinion de leur côté.
Le gouvernement ne bouge pas
Le gouvernement pensait fracturer rapidement le front syndical, c’est raté. Même s’il faut surveiller ce qui se passe du côté de la CGT, car le congrès se prépare. Mercredi 1er février la commission exécutive de la CGT se réunit et à cette occasion d’importantes fédérations demandent à Philippe Martinez un débat sur sa succession. Certains veulent durcir la contestation. Une radicalisation qui pourrait fragiliser l’union syndicale. Mardi 31 janvier, Élisabeth Borne, elle, a dit entendre "les doutes et interrogations" des Français. Elle a prévu de s'exprimer jeudi 2 février sur France Télévisions.
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