Mobilisation contre la réforme des retraites : EDF tape du poing sur la table
Avec les grèves contre la réforme des retraites, EDF a déjà perdu près d'un milliard d’euros Du coup, le groupe prend une mesure radicale : geler les embauches
Le décryptage éco de Fanny Guinochet
Alors qu'EDF prévoyait de recruter entre 3 000 et 3 500 personnes cette année, le groupe a décidé de geler les embauches. Le groupe a pourtant besoin de compétences pour résoudre les problèmes de corrosion de ses réacteurs, accélérer sur le nucléaire, ou encore se déployer dans les énergies renouvelables.
Ce moratoire est une manière pour le nouveau PDG, Luc Rémont, de faire pression sur les syndicats qui organisent depuis plusieurs mois des débrayages. Le groupe, qui a enregistré des pertes historiques de près de 18 milliards d’euros l’an dernier, estime ne pas pouvoir se permettre ces grèves, qui entraînent, selon le groupe, des retards dans les plannings de maintenance et mettent en péril l’activité.
Un message envoyé à l'État
C'est également un message au gouvernement de la part de Luc Rémont. Le patron du groupe se met ainsi dans les pas de son prédécesseur, Jean Bernard Levy, qui avait, en août 2022, lancé à la ministre Agnès Pannier-Runacher : "pourquoi nous n’avons pas assez d’équipes formées ? parce que pendant des années, on nous a dit qu’on allait fermer des centrales". Une manière de pointer du doigt les volte-face de l’État qui aujourd’hui, au contraire, veut relancer la filière.
Le groupe pâtit des mesures prises par le gouvernement pour limiter la hausse des tarifs de l’électricité. La direction d’EDF veut donc dire aux pouvoirs publics que même si l’État est monté à 100 % au capital, le groupe ne pourra pas réaliser les investissements demandés en prévisions des prochaines périodes de sécheresse.
Les mesures anti-sécheresse remises en question
Emmanuel Macron avait demandé à EDF d’investir dans de nouvelles installations pour baisser la consommation en eaux des centrales, et de prolonger la durée de vie des réacteurs existants tout en lançant la construction de nouveaux. Ces chantiers se chiffrent en dizaines de milliards d’euros, au point que le gouvernement envisage, pour les financer, de recourir à l’épargne des Français, en fléchant le livret A vers ces investissements.
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