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Plan France 2030 : produire deux millions de véhicules électriques par an, un objectif (trop) ambitieux ?

Lors de la présentation de son plan France 2030, mardi, Emmanuel Macron a fixé l'objectif de deux millions de véhicules électrifiés produits en France en 2030. Est-ce tenable ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron s'exprime lors de la présentation du plan d'investissement "France 2030" au palais de l'Élysée à Paris, le 12 octobre 2021. (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Il faut "produire en France, à l'horizon 2030, près de deux millions de véhicules électriques et hybrides", a fixé Emmanuel Macron lors de sa présentation du plan France 2030. Un objectif ambitieux mais qui n’est pas impossible.

En 2020, une année difficile avec le Covid-19, sur le 1,3 million de véhicules produits en France, 22% étaient électriques et hybrides, ce qui fait autour de 300 000 véhicules. Atteindre deux millions de voitures électrifiés en 2030, cela veut donc dire multiplier par un peu plus de six cette production. Mais c’est surtout un objectif ambitieux, au regard de la profonde crise que traverse le secteur. En pleine tourmente avec la pénurie des semi-conducteurs, la production de voitures s’effondre. Il faudrait donc surtout que le marché reparte. 

Un "changement de culture" nécessaire pour le président

Il faudrait aussi que les constructeurs tricolores produisent leurs propres modèles de batteries électriques en France. Certes, Renault et Stellantis (l’ex –PSA) investissent déjà dans des giga-usines dans le nord de la France, mais il va falloir attendre encore tois à quatre ans avant que les premières batteries ne sortent de ces sites.

Le problème, c’est que les fabricants français travaillent chacun de leur côté. Ce qui agace l’Élysée. L’objectif du président n’est possible que s’il y a plus de coopération entre les deux constructeurs, qui aujourd’hui se comportent comme des frères ennemis. Emmanuel Macron les a d’ailleurs invités à un "changement de culture". Le message est clair. L’Élysée prévoit d’investir quatre milliards d'euros dans les transports du futur, est prêt à "faire de la France la nation de l’automobile qui roulera le plus vert", à aider la filière à encaisser le choc de la transition écologique, pour sauver les emplois. Mais encore faut-il que "chacun joue le jeu", selon l’expression d’Emmanuel Macron. Pour bien se faire entendre, le chef de l’État a prévu de réunir l'ensemble des acteurs de la filière à la fin du mois.

Difficile de concurrencer l’Asie  

C’est évident, l’Élysée espère que ces investissements lui permettront de se défaire (un peu) de la dépendance asiatique. Aujourd’hui, les plus gros producteurs de batteries électriques sont tous en Corée du Sud ou en Chine.

Enfin, c’est compter sans les craintes qui subsistent concernant cette technologie, sur l’autonomie et le temps de recharge des batteries électriques. De plus, on manque encore de bornes de recharge. En six mois, la France est passée de 32 000 à 43 000 bornes de charge mais on est encore loin de l’objectif du gouvernement de 100 000 à la fin de cette année. Enfin, même si la demande de voitures plus "écologiques" augmente rapidement, tout le monde n’a pas les moyens de se payer une voiture électrique.

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