Quel avenir pour Volkswagen ?
C’est la question qui hante toute l’Allemagne, tant cette immense entreprise incarnait jusqu’à ces derniers jours, par ses modèles, ses marques, et son modèle social, la grandeur du made in Germany. Le choc que subit le groupe automobile, qui était devenu numéro un mondial cet été, est d’une violence inouïe. Et ce matin, trois scénarios se dessinent :
1 - la disparition de l’entreprise,
2 - le démantèlement du groupe Volkswagen,
ou 3ème scénario, la refondation de l’entreprise.
Commençons par celui qui paraît le plus énorme, celui de la mort du groupe Volkswagen, au moins sous sa forme actuelle. Ce n’est sans doute pas l’issue la plus probable, mais il ne faut pas oublier que les entreprises, comme les civilisations, sont mortelles. Prenez l’exemple de l’entreprise américaine Enron, ce courtier en énergie fut un temps classé 7ème entreprise mondiale, il y a quinze ans, elle épatait par son habileté à profiter de la dérégulation du marché de l’énergie. En quelques mois, et la découverte d’une immense fraude, elle s’est effondrée littéralement, balayée, et quant à ses deux dirigeants, l’un purge encore une peine de 24 ans de prison et l’autre est mort d’une crise cardiaque. Nul ne peut écarter totalement aujourd’hui pour le groupe Volkswagen un tel scénario noir.
Moins dramatique en apparence, votre deuxième scénario est celui du démantèlement
Il serait aussi très douloureux pour le groupe Volkswagen qui a mis tant d’énergie à additionner 12 marques, parmi les plus prestigieuses depuis trente ans. Mais entre amendes himalayennes, procès à répétition et remboursement des aides à l’achat, la note totale, la facture totale sera terrible. Plusieurs dizaines de milliards au minimum. Au point que, même pour en groupe en bonne santé financière, on se demande si Volkswagen ne sera pas contrainte de vendre à l’encan certaines de ses marques pour ne pas sombrer. Déjà aujourd’hui, des investissements sont annulés, les provisions s’accumulent. Est-ce que cela suffira, rien n’est moins sûr.
Troisième solution, c’est celui d’une refondation de l’entreprise, c’est possible Vincent ?
On se doute bien que les nouveaux dirigeants du groupe vont tout faire pour éviter les deux précédents scénarios. Et ils n’ont pas donc d’autres choix que de conduire à vive allure une véritable révolution interne. Etrangement, on n’en prend pas encore tout à fait le chemin. On a plutôt l’impression que la nouvelle direction appuie encore sur la pédale de frein, alors que l’entreprise est déjà dans le décor. Le nouveau président parle seulement d’évolution, peut-être pour ne pas déstabiliser davantage ses salariés, alors qu’à l’évidence une fraude d’une telle ampleur ne peut pas seulement concerner une petite poignée d’hommes. Après un choc d’une telle ampleur, c’est l’entreprise elle même qu’il faut refonder, ses valeurs, son contrat social, ses process, son organisation, sa relation avec ses clients. Il n’y a rien de plus dur que de rebâtir de la confiance. Et dans le groupe Volkswagen, la confiance, ce matin, est en miettes.
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