Assurance-chômage : les annonces de Gabriel Attal "confirment le mépris profond du gouvernement envers les acteurs sociaux", dénonce Sophie Binet
"L’obsession du gouvernement pour les privés d'emploi vire maintenant au trouble obsessionnel", fustige jeudi 28 mars sur franceinfo Sophie Binet secrétaire générale de la CGT, alors que Gabriel Attal a annoncé, mercredi soir sur TF1, "une réforme de l'assurance-chômage cette année". Une des pistes du gouvernement est de réduire la "durée d'indemnisation de plusieurs mois".
Le Premier ministre a dit souhaiter une nouvelle réforme "globale" de l'assurance chômage qui réduirait la durée d'indemnisation des chômeurs, au moment où les dépenses sociales sont dans le viseur de l'exécutif pour combler le déficit qui a dérapé l'an dernier. Au troisième trimestre 2023, sur 6,1 millions de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail (toutes catégories confondues), seuls 2,6 millions étaient indemnisés (42,6%), selon les données de l'Unédic. Le montant moyen de l'allocation mensuelle nette est de 1 033 euros.
"Dérive autoritaire du pouvoir"
Le Premier ministre a demandé à sa ministre du Travail Catherine Vautrin "de préparer de nouvelles négociations" avec les partenaires sociaux sur l'assurance chômage, avançant parmi les pistes une possible baisse de la durée d'indemnisation de 18 à 12 mois maximum. Les annonces de Gabriel Attal "confirment le mépris profond du gouvernement envers les acteurs sociaux", dénonce Sophie Binet. C'est une "dérive autoritaire du pouvoir." Elle rappelle que "les acteurs sociaux ont toujours la responsabilité de la gestion de l'assurance chômage".
Un accord avait été trouvé en fin d'année dernière. "Cet accord n'est toujours pas entré en vigueur parce que le gouvernement ne l'a toujours pas agréé. Avant de nous demander une nouvelle négociation, il ferait mieux de regarder l'accord qui vient d’être signé", rétorque Sophie Binet. La CGT n’a pas signé cet accord, estimant qu’il contient "des reculs pour les privés d'emploi".
Les comptes de l'assurance chômage "sont équilibrés" et "excédentaires"
Gabriel Attal a demandé à la ministre du Travail, Catherine Vautrin, de réunir les partenaires sociaux pour engager cette nouvelle réforme de l’assurance chômage : "Je dis à la ministre du Travail, qu'il faut qu'elle tienne parole, qu'elle tienne ses engagements. Elle m'a dit qu'elle était très attachée à ce qu'ils appellent le dialogue social. Le dialogue social, c'est concret. C'est respecter le cadre paritaire" et "ne pas imposer une réforme à la hussarde, alors que cette réforme n'est pas justifiée puisque les comptes de l'assurance chômage sont au vert".
Le Premier ministre voit trois leviers pour rééquilibrer les comptes de l‘assurance chômage : la durée de cotisation, les conditions d'indemnisation et le niveau de l'indemnisation. "C’est sûr que réduire la durée d'indemnisation, ça dégage beaucoup d'argent. Et c'est d'ailleurs la seule chose qui intéresse le gouvernement puisqu'il prend les décisions de pilotage du pays en fonction des agences de notation et pas des Françaises et des Français", déplore-t-elle.
Sophie Binet assure que les comptes de l'assurance chômage "sont équilibrés" et "excédentaires". Selon elle, "ce qui est déficitaire, ce sont les comptes de l'État. Et pourquoi ? Selon l'étude de l'Insee, ce ne sont pas les dépenses publiques qui augmentent ou la charge de la dette qui augmente. Ce qui baisse, ce sont les rentrées fiscales. C'est là-dessus qu'il faut agir", assure-t-elle.
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